« Le statu quo n’est plus possible ». La recommandation numéro 1 du très attendu rapport Hurel sur la politique vaccinale ne peut être plus claire. « La distinction entre les vaccins actuellement obligatoires et ceux recommandés n’apparaît pas pertinente et rend la politique vaccinale difficilement lisible ».
Pour l’ancienne députée Sandrine Hurel, il s’agit d’une question centrale dans le climat actuel de défiance vis-à-vis des vaccins en France. La ministre de la Santé Marisol Touraine, qui a présenté son plan d’action en 4 axes pour la rénovation de la politique vaccinale mardi 12 janvier, a exposé les raisons pour ne pas trancher seule dans un tel contexte. Une grande concertation citoyenne sera lancée dès mars prochain pour avancer sur ce point particulier parmi d’autres.
La ministre a expliqué vouloir que la société se saisisse « de ce sujet trop sensible socialement pour faire l’objet d’une réponse d’expertise administrative ». Pour elle, il s’agit « d’un enjeu pour l’ensemble de la société, dont chacun doit pouvoir s’emparer ». Le rapport Hurel, qui ne tranche pas non plus la question, met en garde contre une levée immédiate de l’obligation vaccinale, « qui pourrait être comprise comme un recul sur l’intérêt de la vaccination ».
Pour la ministre, « malgré une situation globalement satisfaisante », « depuis plusieurs années, - c’est un fait - un mouvement de défiance vis-à-vis de la vaccination s’est développé dans notre pays », en particulier envers les vaccins contre la grippe et l’HPV. Le taux de couverture vaccinale contre la grippe a chuté de 13 points depuis 2008. La ministre déplore une « frilosité face au vaccin HPV, alors même que les scientifiques sont unanimes ». Pour autant, elle estime « qu’on ne peut balayer d’un revers de la main ces préoccupations, au motif qu’elles ne seraient pas rationnelles ». L’enjeu de la participation citoyenne correspond à un double objectif : « Lever les inquiétudes, les peurs » et aussi « mieux les comprendre, en identifier les sources, les rouages, pour mieux y répondre ».
Cibler les professionnels de santé
Outre le grand débat, le plan d’action présenté par la ministre comporte trois autres axes, de portée plus immédiate, largement inspirés des 20 recommandations développées dans le rapport : mieux informer, mieux coordonner et piloter, assurer l’approvisionnement (cf encadré). Le premier de ces axes vise à assurer une meilleure information sur la vaccination, le plus large possible et ciblée vers les professionnels de santé. Dès le début d’année, un site Internet dédié à la vaccination sera mis en place par la future agence nationale de santé publique (ANSP), qui verra le jour en avril. Ce site comportera deux volets : l’un dédié au grand public, l’autre aux professionnels. Il aura pour vocation de centraliser les informations, les actualiser et répondre aux interrogations. « Chacun pourra interagir avec cet espace directement ou via les réseaux sociaux », la parole sera ainsi donnée y compris aux partisans anti-vaccination.
Carnet électronique
Un bulletin d’information trimestriel sera envoyé aux professionnels par la Direction générale de la santé (DGS). Dès mars 2016, un carnet de vaccination électronique fera l’objet d’expérimentations dans 5 régions. Pour « anticiper les situations de crise » et « gagner en lisibilité », un comité des parties prenantes sera créé sous l’égide de la DGS. Ce comité réunira des professionnels de santé, les associations d’usagers et les institutionnels.
Pour améliorer le pilotage de la politique vaccinale, la ministre a expliqué vouloir impliquer « pleinement » les professionnels de premier recours, notamment les médecins traitants », qui « ne le sont pas assez ». Pour « répondre aux attentes du terrain » et « entendre leurs propositions », la DGS réunira les représentants des médecins généralistes, mais aussi des infirmiers et des pharmaciens d’officine, deux fois par trimestre. Afin de « renforcer son indépendance », le Comité Technique des vaccinations, actuellement sous le patronage du Haut Conseil de Santé Publique, se verra rattaché à la Haute autorité de santé.
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