Avec les données issues de l'épidémie de Zika, les publications françaises se succèdent dans « The Lancet ». En février, les chercheurs de l'Institut Pasteur, du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), de l'Institut Louis Malardé, du centre hospitalier de Polynésie française et de l'AP-HP y présentaient un lien établi entre l’infection par le virus Zika et une augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré. Le 3 mars dernier, des neurologues guadeloupéens, associés aux chercheurs de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière de Paris, y décrivaient, pour la première fois, un cas de myélite aiguë, caractérisé par un déficit moteur des 4 membres, des douleurs très intenses et une rétention aiguë d'urine, chez une patiente de 15 ans admise au CHU de Pointe-à-Pitre. Et ce mercredi 16 mars, c'est au tour des épidémiologistes de l'Institut Pasteur d'y publier une étude selon laquelle une femme sur 100 infectées par le virus Zika au cours du premier trimestre de leur grossesse est susceptible de donner naissance à un enfant souffrant de microcéphalie.
Focus sur la Polynésie française
« Nous avons recherché tous les cas de microcéphalie sur une période de deux ans dans l'ensemble de la Polynésie française, explique Simon Cauchemez, responsable du laboratoire de modélisation mathématique des maladies infectieuses de l'Institut Pasteur et principal auteur de l'étude. Nous avons recensé 8 cas, dont 7 sont apparus 4 mois après l'épidémie ». La quasi-totalité des microcéphalies recensées en Polynésie Française ces deux dernières années sont ainsi survenues suite à une grossesse dont le premier trimestre coïncidait avec la période de l'épidémie où 66 % de la population de l'archipel a été infectée. Soit entre octobre 2013 et avril 2014.
Selon le modèle mathématique des auteurs, la prévalence des microcéphalies, habituellement de 2 cas pour 10 000 naissances, a atteint 95 cas pour 10 000 naissances au cours de l'épidémie. « Ces données renforcent l'idée d'un lien entre l'infection au cours de la grossesse et le risque de microcéphalie ».
Des prévisions affinées pour les Antilles
« Nous avons maintenant une estimation fine que la direction générale de la santé peut utiliser pour prédire ce à quoi il faut s'attendre avec l'épidémie en cours dans les Antilles françaises », poursuit Simon Cauchemez. Les chercheurs de l'Institut Pasteur cherchent maintenant à savoir dans quelle mesure la présence de symptômes chez la femme enceinte est un facteur de risque supplémentaire. Ils attendent beaucoup de l'étude de la cohorte INSERM CHIMERE de suivi des arboviroses dans laquelle les femmes enceintes présentant des traces d'infection ont été intégrées. « On ne peut pas exclure qu'une infection au cours des deuxième et troisième trimestres puisse favoriser une microcéphalie chez le nouveau-né, mais aucune donnée ne soutient cette hypothèse pour l'instant », complète Simon Cauchemez.
Simon Cauchemez et al Association between Zika virus and microcephaly in French Polynesia, 2013 –15: a retrospective study, The Lancet, publication en ligne du 15 avril
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships