Les uns y voient un acte de force, d’autres y voient l’expression d’une grande faiblesse. De précédents gouvernements ont utilisé le 49-3 à de multiples reprises. Manuel Valls n’a donc pas innové en la matière et, après 400 heures de débats, il était en droit de penser que les élus avaient suffisamment discuté du projet. Le problème est cependant beaucoup plus profond qu’un épisode parlementaire où des députés surexcités se livrent à une technique d’obstruction contre leur gouvernement. Personne n’ignore que le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, s’efforce de débarrasser le marché des entraves qui expliquent en partie l’incapacité du pays à transformer en croissance des paramètres nettement améliorés. Personne n’ignore qu’une partie décidément importante du parti socialiste est hostile à la libéralisation de l’économie et croit encore à une croissance déclenchée par les largesses d’un État pourtant terriblement endetté. L’usage du 49-3 ne dit pas autre chose : il dit qu’il y a une faille béante au sein du PS que le congrès de Poitiers n’a pas du tout comblée ; il dit que les socialistes ne sont pas tous convaincus que les effets de la mondialisation doivent être combattus par la compétitivité des entreprises ; il dit peut-être que, in fine, pour réformer la production industrielle et le marché du travail, un gouvernement qui s’appuie sur des forces de gauche n’est pas le bon candidat.
La force de Manuel Valls, c’est qu’il continue à penser, en dépit des hésitations et fluctuations de son président, qu’il peut, lui, le Premier ministre de gauche, porter une telle réforme. Qu’il peut, lui, convertir ses troupes à ce qu’il est convenu d’appeler le libéral-socialisme mais qui, pour d’autres, n’est que du réalisme. Qu’il peut, lui, faire ce que la droite aurait dû faire et qu’elle n’a su faire, ou n’a pas eu le courage de faire. Certes, la loi Macron ne contient pas en germe une révolution. Elle va dans le bons sens et, dans un pays qui en a tellement manqué ces dernières années, le bon sens est mille fois préférable à une aventure qui nous conduirait hors de l’espace européen, en nous faisant prendre des risques immenses pour notre économie et pour nos finances. La loi Macron ne nous guérit pas de toutes nos scléroses, mais elle en guérit quelques-unes, et c’est toujours ça de bon à prendre.
Ce qui manque à Valls.
Pour autant, il n’est pas interdit de penser que, si M. Valls est un homme courageux, pourvu d’un dessein, s’il est pragmatique au point de ne plus nommer quelques dogmes socialistes que pour amuser la galerie, il n’a pas le pack qui lui garantirait le succès de son entreprise. Aujourd’hui, un gouvernement de droite serait soutenu par sa majorité pour conduire à bien non plus quelques réformettes cosmétiques mais une réforme économique qui briserait tous les carcans administratifs et fiscaux qui plombent nos petites et moyennes entreprises. Si seulement, nous pouvions enfin obtenir un consensus gauche-droite sur cette réforme au lieu d’assister à des palinodies parlementaires où le réflexe de Pavlov et la démagogie remplacent l’intérêt du pays, où la gauche met le gouvernement en danger pour ensuite voter contre une motion de censure présentée par une droite qui sait, pour sa part, qu’elle ne met pas le gouvernement en danger !
La droite n’est pas en bonne santé, mais la gauche est dans un état piteux. Elle reste divisée au point que les frondeurs et tous ceux qui, au sein du PS, n’éprouvent pas d’enthousiasme pour M. Valls, semblent avoir la nostalgie du temps béni où tout ce petit monde se trouvait dans une opposition douillette, où il suffisait de combattre le pouvoir en toute circonstance, toutes tendances confondues, et dans cette aire si agréable où on ne prend jamais la moindre responsabilité.
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