LE JURY D’EXPERTS indépendants mis sur pied par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) pour faire le point sur le sort de la pédiatrie spécialisée au sein de l’institution a rendu ses recommandations.
Dans un contexte très tendu (voir « le Quotidien » du 11 juin), où les projets de restructuration élaborés dans le cadre de son plan stratégique par la direction du premier CHU de France font face aux contre-projets des hôpitaux concernés – au premier rang desquels Armand Trousseau, dans le 12e arrondissement de la capitale –, les experts ont coupé la poire en deux.
Jusque-là, le choix du conseil exécutif de l’AP-HP était de regrouper des activités de pédiatrie spécialisée (cardiologie, chirurgie cardiaque, chirurgie maxillo faciale, chirurgie ORL, chirurgie orthopédique, chirurgie viscérale, endocrinologie, gastro-entérologie, onco-hématologie, néphrologie, neurochirurgie neurologie, pneumologie, prise en charge des brûlés, réanimation pédiatrique) sur 3 sites au lieu de 4. Trousseau devait abandonner la partie ; Bicêtre, Necker et Robert Debré concentrer les forces.
Au terme de son analyse de la situation, le jury plaide pour le regroupement à Robert Debré des activités spécialisées de néphrologie et de gastro-entérologie de Trousseau, pour le transfert vers Necker du Centre des enfants brûlés du même Trousseau (sous réserve de l’organisation de l’activité de chirurgie plastique et reconstructrice et de la création d’une structure de recherche), pour le renforcement à Bicêtre des spécialités de neuro-pédiatrie rejointes par celles de Trousseau. Quant à l’onco-hématologie, le maintien de deux sites d’accueil est préconisé mais le jury ne tranche pas (ce sera soit à Robert Debré et Trousseau, soit à Robert Debré et Necker).
Ces recommandations du jury doivent être réexaminées par le conseil exécutif de l’AP-HP le 29 juin, puis discutées avec les communautés médicales concernées ainsi qu’avec les instances centrales, explique la direction générale du premier CHU de France. Elles seront, en dernière instance, soumises au directoire de l’AP-HP.
La direction de l’AP-HP commente ces préconisations en faisant valoir qu’« en toutes hypothèses, l’hôpital Trousseau (...) verra ses activités de pédiatrie générale renforcées », précisant que « la chirurgie viscérale et orthopédique (hors neuro-orthopédie), la réanimation, la génétique, la biologie et l’imagerie seront maintenues sur le site ».
Président du comité consultatif médical (CCM) de l’hôpital Trousseau, le Pr Noël Garabédian accueille, lui, mi-figue mi-raisin les conclusions du jury d’experts. « Sur la forme, je les considère plutôt comme une ouverture, explique-t-il. Certaines sont cohérentes, d’autres sont incohérentes. Le dispositif mérite d’être approfondi ». Le Pr Garabédian se félicite en particulier qu’il soit prévu de maintenir la chirurgie spécialisée sur le site de Trousseau. Il a des doutes, en revanche, pour l’avenir de la médecine spécialisée dans son hôpital et regrette de constater que « beaucoup d’activités migrent de Trousseau vers d’autres hôpitaux » alors que le mouvement inverse n’existe pas. « On ne peut pas en rester là », conclut-il.
Encore moins convaincu apparaît le conseil régional d’Ile-de-France dont le président (PS), Jean-Paul Huchon, par ailleurs membre du conseil de surveillance de l’AP-HP, juge que les conclusions du jury d’experts sur les services pédiatriques de l’AP-HP « reviennent à un démantèlement de l’hôpital Trousseau ».
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