C’est en mai dernier qu’a été présenté par le ministère de la Santé le plan greffe 2017-2021, élaboré par l’Agence de la biomédecine avec des objectifs ambitieux. Tous organes confondus, l’objectif est d’arriver à un total de 7 800 greffes, soit 115 par million d’habitants en 2021. Par comparaison, en 2015, 5 746 greffes ont été réalisées en France, soit 88,4 par million d’habitants. « Alors qu’on a dépassé les 3 600 greffes rénales en 2016, l’objectif est d’atteindre les 4 950 en 2021, dont 1 000 réalisées à partir de donneurs vivants, contre 610 en 2017 », indique le Pr Olivier Bastien, directeur prélèvement greffe organes-tissus (DPGOT) à l’Agence de la biomédecine.
Ce plan, élaboré avec les sociétés savantes et les associations de patients, fait suite à ceux de 2000-2003 et 2012-2016. « L’objectif est d’augmenter le nombre de greffes en s’appuyant sur les trois grandes possibilités de prélèvements qui existent dans notre pays : à partir de donneurs décédés en état de mort encéphalique, à partir de donneurs vivants, et à partir de patients décédés en arrêt circulatoire (Maastricht 3) », explique le Pr Bastien, en ajoutant que la situation actuelle de la France est bonne par rapport à l’Europe.
Effectivement, en taux annuel de greffes de rein, tous donneurs confondus, la France est en troisième position, avec 54,1 greffes par million d’habitants, derrière l’Espagne (63) et les Pays-Bas (58,2). En greffes avec donneurs décédés, la France (45,6) est là encore en troisième position, derrière l’Espagne (54,6) et la Croatie (49,5). Le classement est en revanche un peu moins bon pour celles à partir de donneurs vivants : 8,5 par million d’habitants pour la France, en neuvième position, derrière la Hollande (30,4), l’Islande (23,3) ou le Danemark (20,9).
Deux objectifs prioritaires
Le développement des greffes à partir de donneurs vivants est donc une priorité. « Et pour cela, il faut poursuivre notre travail de sensibilisation du public et des médecins, néphrologues mais aussi généralistes. Car ils sont les premiers interlocuteurs des patients en attente de greffe et de leurs proches qui peuvent devenir des donneurs vivants, insiste le Pr Bastien, qui souligne également la nécessité de développer les dons croisés. Ces dons restent encore très peu utilisés en France alors qu’il s’agit pourtant d’une possibilité intéressante quand il existe une volonté de faire un don du vivant au sein de couples donneur-receveur avec des problèmes de compatibilité. »
Un autre objectif est de faciliter le développement des greffes incompatibles. « Les greffes rénales ABO et HLA incompatibles se sont développées ces dernières années avec des résultats satisfaisants. Les résultats des greffes HLA incompatibles, encore préliminaires, sont satisfaisants, mais à suivre de près compte tenu du risque de perte de greffons par rejet humoral après quelques années », précise le plan.
Par ailleurs, « la greffe est une urgence, car la durée d’ischémie froide conditionne les résultats de la greffe. Pour la greffe rénale, elle est actuellement supérieure à 17 heures en moyenne en 2015, et reste élevée comparée à la moyenne européenne », constate le plan, qui se donne pour objectif de diminuer le temps d’ischémie froide en dessous de 15 heures (moyenne nationale) en 2018 pour les greffons rénaux standard, et en dessous de 12 heures pour les greffons rénaux à critères élargis.
Entretien avec le Pr Olivier Bastien, directeur prélèvement greffe organes-tissus (DPGOT) à l’Agence de la biomédecine.
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