DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À CADARACHE
VOYAGE au pas de course pour François Fillon et ses trois ministres (voiture + Airbus + hélicoptère Puma + car, aller-retour dans l’après-midi), dans la foulée de la validation à Matignon des dix premières conventions du programme « Investissements d’avenir » (voir encadré) entre le gouvernement et des opérateurs publics. Mais pour illustrer le lancement du programme d’investissements d’avenir, il fallait au moins « un chantier symbole d’un effort national exceptionnel », comme celui ouvert sur le site du CEA (Commissariat à l’énergie atomique, à l’énergie éolienne et aux énergies alternatives) à Cadarache.
Le réacteur nucléaire de recherche Jules Horowitz* (RJH) a le mérite d’en être au stade de la construction, même si on en est encore aux plots parasismiques. C’est en outre, selon François Fillon, un projet « emblématique des investissements d’avenir, au croisement de la recherche, de la santé et des nouvelles technologies ». Un projet indispensable puisque les réacteurs de recherche, type Osiris à Saclay, datent des années 1960 et vont être prochainement mis à la retraite.
Un enjeu médical.
L’enjeu est industriel, puisqu’il s’agit de tester le comportement et le vieillissement des matériaux des futurs réacteurs nucléaires (le CEA prépare Astrid, réacteur de 4 e génération), dans des conditions de recherche (le réacteur type piscine est accessible en fonctionnement). Un consortium comprenant EDF, Areva et d’autres partenaires européens, indien et japonais, s’est rassemblé autour du CEA en apportant 250 millions d’euros. Il est aussi médical. « On s’est battu pour faire bâtir ce réacteur et préserver une indépendance européenne en matière de fourniture de technétium 99 », rappelle au « Quotidien » le Pr Olivier Mundler (service de médecine nucléaire, CHU de La Timone), président de la Société française de médecine nucléaire. Le RJH produit du Molybdène 99, père du technétium, et permettra d’assurer 25 % des besoins européens (et en cas de nécessité50 %).
Le technétium (demi-vie 6 heures) est le plus courant des radio-isotopes (30 millions de diagnostics par an dans le monde). Il est utilisé notamment en scintigraphie osseuse et cardiaque et en thérapeutique pour traiter le cancer de la thyroïde. Il est actuellement produit par les réacteurs de recherche HFR aux Pays-Bas, BR2 en Belgique et Osiris en France. Le réacteur canadien NRU, qui a fourni plus de 40 % des besoins mondiaux, est à l’arrêt depuis un an. Le marché est sous tension depuis 2008 et les risques de pénurie devraient se poursuivre jusqu’en 2020, en fonction des périodes d’arrêt des réacteurs.
En apportant 250 millions d’euros au CEA, le programme d’investissements d’avenir a permis de donner le coup d’accélérateur nécessaire à ce projet d’un montant global de 709 millions d’euros. Le réacteur doit commencer à fournir la matière première aux diagnostics médicaux en 2016, avec une mise en service progressive en 2014-2015. Juste à temps pour prendre la relève d’Osiris.
* Physicien, directeur des réacteurs nucléaires et de la recherche fondamentale du CEA, Jules Horowitz (1921-1995) s’est spécialisé dans l’étude des réacteurs de recherche dès 1946.
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