Alors qu’elle annoncait la fin de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a également exprimé sa crainte d’un retour du virus de façon ponctuelle. Cela a en effet été le cas deux fois depuis la première annonce de la fin de l’épidémie au Liberia, en mai 2015.
« Une résurgence du virus est de moins en moins probable, précise le Dr Sylvain Baise, qui dirige le Centre national français de référence des fièvres hémorragiques virales. On a découvert, lors de cette épidémie, que le matériel génétique du virus persiste dans le sperme pendant 9 mois, mais la contagion par voie sexuelle n’est possible que pendant les 3 premiers mois. »
« Ma principale inquiétude, c’est la réactivation virale chez les survivants au bout de plusieurs mois, poursuit le Dr Baise, à l’image de ce que l’on a observé chez l’infirmière britannique. Même si c’est un événement très rare, il faut le garder en tête maintenant que l’on a plus de 10 000 survivants en Afrique de l’Ouest que l’on ne pourra pas tous suivre à la trace. »
La réactivation virale est un phénomène courant, observé avec les virus de l’herpes et de la varicelle. Comme dans ces deux exemples, il est possible que le filovirus Ebola se réfugie dans un organe immunologiquement préservé comme le cerveau (l’infirmière anglaise a été hospitalisée suite à une méningite).
L’autre risque est celui d’un retour du virus depuis les réservoirs animaux. « Il est désormais acquis que le virus est bien installé dans la région, précise le Dr Baise. C’est en Côte d’Ivoire qu’a eu lieu la deuxième épidémie d’Ebola en 1994, avec un virus de la souche Taï. Il va falloir apprendre à vivre avec ce risque-là. » Le Virus Ebola est désormais présent dans toute la ceinture tropicale africaine, de la Casamance à l’Éthiopie.
Un incroyable gain en terme d’expérience
À la lumière des résultats fournis par la recherche d’urgence, les chercheurs ont montré que l’antiviral japonais favipiravir et que l’association artésunate/amodiaquine (ASAQ) indiquée dans le traitement du paludisme pouvait réduire la mortalité des patients infectés de respectivement 50 % et 31 %. De même, l’introduction de la vaccination en ceinture par l’OMS en Guinée a coïncidé avec une chute brutale du nombre de contaminations.
Pour le Dr Baise, l’impact positif principal de l’épidémie se situe pourtant au niveau du gain d’expérience : « C’est le premier déploiement massif de laboratoire de terrain de l’histoire ! Si nous devions recommencer, cela ne nous prendrait pas un an. »
Suite à l’investissement des organisations internationales en Afrique de l’Ouest, la Guinée va disposer d’équipes de surveillance épidémiologique et d’automates de diagnostic. Ces outils ne seront pertinents que « si il y a des gens compétents pour les utiliser et si le matériel est bien entretenu et alimenté en réactifs », rappelle le Dr Baise qui déplore que l’on investisse autant dans la surveillance du virus Ebola et que l’on « délaisse les virus de Marbourg et de Lassa qui sont aussi présents dans la région ».
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