DE NOTRE CORRESPONDANTE
« LE POINT important est qu’il est possible de cibler la phase latente du bacille tuberculeux (porté par un tiers de la population globale), en incorporant dans le vaccin des antigènes spécifiques clés qui sont exprimés à ce stade par la bactérie », explique au « Quotidien » le Pr Peter Anderson (Statens Serum Institut, Copenhague, Danemark). « D’un point de vue pratique, cela ouvre la voie à la vaccination des personnes déjà infectées, et c’est la première fois que cela semble possible. »
Selon l’OMS, un tiers de la population mondiale serait actuellement infecté par la tuberculose et si les pays en développement sont les plus touchés, les pays industrialisés ne sont pas épargnés.
Le BCG est actuellement le seul vaccin disponible contre la tuberculose. S’il est très efficace pour prévenir les formes graves de la tuberculose chez les enfants, il protège mal les adultes contre la forme pulmonaire. Il ne prévient pas l’établissement d’une infection latente et persistante, comme en atteste le vaste nombre de personnes infectées de façon latente dans le monde, et la réactivation de la maladie clinique suite à une immunosuppression ou à une infection VIH.
Les cinq dernières années ont vu d’importants progrès dans le domaine de la recherche vaccinale contre la tuberculose. Toutefois, les vaccins tuberculeux actuellement en essais cliniques sont tous conçus comme des vaccins prophylactiques, c’est-à-dire pour une administration avant l’infection, et ils sont basés sur des antigènes exprimés de façon précoce. Les données des modèles murins suggèrent que même si ces vaccins représentent un progrès sur le BCG, aucun n’entraîne une immunité stérilisante. C’est dans ce contexte qu’Aagard, Andersen et coll. ont développé un vaccin multistade (H56) visant à mieux contenir à long terme le bacille tuberculeux, et à prévenir la réactivation par une vaccination avant ou après l’exposition.
Réponse cellulaire contre les 3 composantsd du vaccin.
Ce vaccin combine deux antigènes protecteurs précoces (Ag85B et ESAT-6), avec une protéine associée à la latence (Rv2660c) ; les chercheurs ont sélectionné la protéine Rv2660c car ils ont constaté chez la souris qu’elle est exprimée au stade tardif de l’infection, et de façon stable.
Résultat, le vaccin H56 stimule une réponse cellulaire T contre les 3 composants protéiques, avec une forte proportion de cellules T CD4+ polyfonctionnelles.
Dans 3 modèles murins différents de pré-exposition, le vaccin H56 confère une immunité protectrice capable de mieux contenir l’infection tardive, par rapport au BCG et au vaccin H1 (Ag85B et ESAT-6).
Enfin, dans 2 modèles murins de tuberculose latente, le vaccin H56 administré après l’exposition est capable de contrôler la réactivation et d’abaisser significativement la charge bacillaire, en comparaison des souris témoins vaccinées avec l’adjuvant.
Sur la base de ces résultats, les chercheurs espèrent donc que la vaccination avec l’H56, avant et après exposition, pourra retarder la réactivation, et en conséquence réduire les flambées de tuberculose active et abaisser la transmission.
« Des essais cliniques commencent en mars à Capetown en Afrique du Sud », confie le Pr Andersen.
Nature Medicine, Aagaard et coll, 23 janvier 2011, DOI: 10.1038/nm.2285
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