L’ATTENTE d’un vaccin est forte pour lutter contre l’endémie de paludisme en Afrique. Une étude internationale a de quoi mettre du baume au cœur. Après de bons résultats obtenus chez l’adulte, des chercheurs américains en étroite collaboration avec des médecins de l’université de Bamako viennent de montrer chez une centaine d’enfants maliens en bonne santé qu’une triple dose du vaccin FMP2.1/AS02A est très immunogène et bien toléré. « Cet essai clinique pourrait signifier que nous avons peut-être réussi à obtenir un vaccin qui pour la première fois reproduit l’immunité naturelle contre le parasite », relève le Dr Christopher Plowe, professeur de médecine à l’université du Maryland et investigateur principal de l’étude. Développer naturellement une telle immunité prend normalement de nombreuses années d’exposition au paludisme. » Pour ces médecins, la voie est ouverte pour la phase 2 avec l’espoir qu’il se montrera efficace ensuite pour prévenir l’infection parasitaire.
Fort polymorphisme d’AMA1.
Il s’agit d’un vaccin contenant une protéine recombinante, la FMP2.1, développée à partir d’un antigène de membrane de Plasmodium falciparum, l’AMA1 (apical membrane antigen 1). Le vaccin contient un adjuvant, l’AS02. Cet antigène parasitaire est en effet considéré très prometteur depuis quelques années par les chercheurs en vaccinologie. Outre son rôle déterminant dans l’invasion érythrocytaire, il a également été constaté une association entre le taux d’anticorps anti-AMA1 et la protection naturelle contre l’infection. Cependant, les chercheurs se trouvent confrontés au problème du polymorphisme de l’antigène : plus de 300 haplotypes d’AMA1 existent à travers le monde et plus de 200 sur le seul site du Mali. Trois vaccins AMA1 ont ainsi déjà été testés sans succès probant.
Ont été inclus dans l’étude une centaine d’enfants âgés de 1 à 6 ans d’une région rurale du Mali. Les petits participants étaient recrutés en 3 cohortes puis randomisés pour recevoir soit 10 µg de FMP2.1 pour 0,1 ml d’ASO2A, soit 25 µg pour 0,25 ml, soit 50 µg pour 0,1 ml, ou un vaccin anti-rabique. Trois doses étaient administrées à 0, 1 et 2 mois, et les enfants étaient suivis pendant 1 an. Les symptômes attendus étaient évalués 7 jours après la vaccination et les non attendus à 30 jours. Les effets secondaires graves étaient recueillis tout au long du suivi. Les réactions locales, à type de douleurs et de tuméfactions, étaient bénignes et fréquentes pour les trois dosages vaccinaux. Les taux d’anticorps anti-AMA1 étaient multipliés au centuple par rapport à l’inclusion dans les trois groupes vaccinaux un mois après la troisième injection et sont restés élevés tout au long du suivi. La réponse anticorps était comparable pour les trois dosages vaccinaux.
Pas d’effet dose.
Même si les tuméfactions secondaires à la vaccination étaient classées de grade 3 (›20 mm), les épisodes étaient de courte durée et n’étaient pas spontanément rapportés par les participants. Quatre effets secondaires graves ont été rapportés, tous étant biologiques : un cas d’hyperleucytose, trois avec élévation des transaminases. Le taux d’anticorps mesuré chez les enfants était près de 30 fois supérieur à celui observé antérieurement chez les adultes. Si la réponse était plus forte avec un vaccin dosé à 50 µg plutôt qu’à 25 µg chez les adultes, il ne semble pas exister d’effet dose chez les enfants. Compte-tenu du bon profil de sécurité, le dosage à 50 µg a été choisi pour l’essai de phase 2. Si les promesses du FMP2.1/AS02A venaient à se confirmer, les auteurs émettent l’hypothèse d’un vaccin multi-antigénique avec le RSS,S le candidat vaccinal le plus avancé au monde et actuellement en phase 3. Comme le soulignent les auteurs, la diversité génétique des antigènes parasitaires doit être prise en compte pour évaluer l’efficacité dans les essais cliniques en s’aidant de données d’épidémiologie moléculaire.
PLoS ONE, volume 5, issue 2, février 2010.
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