LES INFECTIONS invasives à méningocoques (IIM) sont des infections rares (moins de 2 cas pour 100 000 habitants/an) mais elles peuvent être sévères. Elles sont dues dans 99 % des cas à 5 sérogroupes de méningocoques (A, B, C, W135 et Y). Les 7 autres sérogroupes n’induisent pas d’IIM. Les infections invasives à méningocoques sont essentiellement des septicémies, des méningites, des méningoccémies qui peuvent se compliquer de purpura fulminans et de choc septique mortel.
« Le méningocoque (Neisseiria meningitidis) est responsable de 70 % des méningites bactériennes, » rappelle le Dr Sandrine Baron-Joly. Depuis l’introduction de la vaccination à hémophilus influenzae, le méningocoque est, avec le pneumocoque, une des causes principales de méningite bactérienne avant 1 an et la première cause entre 1 et 24 ans. « Le taux d’incidence particulièrement élevé des IIM avant 2 ans et vers 15-20 ans, pourrait être dû à des échanges de baisers plus fréquents à ces époques de la vie… ! »
Les infections à méningocoques B (IIMB) sont plus fréquentes (60-70 %) en France que celles à méningocoque C (IIMC) (25-30 %) mais ces dernières sont plus sévères et ont un taux de létalité plus important. Le nombre moyen annuel d’IIMC est de 175 cas (2003-2008) avec des incidences variables selon les années : pics en 1992 (42 %) et en 2002 (38 %). La répartition des IIMC est similaire à celle des IIM tous sérotypes confondus.
Des stratégies vaccinales évolutives.
En 2002, lorsque des vaccins antiméningococciques C conjugués ont été disponibles, le Comité Technique des Vaccinations (CTV) a limité les recommandations aux sujets à risque. Il s’agissait d’enfants souffrant de déficit en fraction terminale du complément, en properdine ou ayant une asplénie anatomique ou fonctionnelle ainsi que des sujets contacts d’une IIMC et des sujets vivant dans des zones où la fréquence des IIMC était particulièrement élevée. Cette décision avait été prise en raison du faible taux d’incidence de ces infections (0,3-0,4/100 000 habitants/an en France), de l’incertitude sur un éventuel déplacement des sérogroupes sous l’influence de la vaccination et de la variation du taux d’incidence des IIMC en fonction des régions et départements. Il en avait résulté une protection individuelle des sujets vaccinés mais une couverture vaccinale insuffisante pour induire une protection de groupe.
En 2010, la situation n’est plus la même.
Différents événements ont conduit les instances sanitaires a modifié la stratégie vaccinale en France. Des épidémies d’IIMC survenues dans différentes régions de France ont conduit à des campagnes de vaccination localisée qui ont grandement diminué le risque épidémique dans ces régions. À plus grande échelle, la généralisation de la vaccination dans certains pays d’Europe ainsi qu’au Canada a entraîné une très forte réduction des incidences d’IIMC. (Contrairement à la France, au Royaume-Uni et en Espagne, les IIMC étaient plus fréquentes que les IIMB avant l’introduction de la vaccination). Ainsi, en Grande-Bretagne, après la vaccination généralisée en 1999, une diminution de plus de 90 % des cas d’IIMC dans la population générale a été notée entre 1998-1999 et 2007-2008. De plus, les IIMC ont presque totalement disparu chez les nourrissons de moins de 3 mois par un effet indirect (la vaccination n’était effectuée qu’à partir de 3 mois). Enfin, une baisse de plus de 90 % des IIMC était aussi notée chez les adultes de plus de 25 ans. Ces résultats étaient obtenus grâce à un taux de couverture vaccinale de plus de 90 % et un taux de vaccination de rattrapage chez les moins de 19 ans de85 %.
En France, depuis 2000, un clone de méningocoque C particulièrement virulent a émergé et est rendu responsable d’un nombre croissant d’IIM alors qu’il est sensible à la vaccination. Ces constatations ajoutées à l’association spatio-temporelle entre la grippe et les IIM ont conduit à recommander la vaccination antiméningococcique C généralisée chez tous les enfants de 1 à 2 ans avec une seule dose de vaccin méningococcique C conjugué.
L’organisation des vaccins.
« Il est certain, constate le Dr Sandrine Baron-Joly, que l’ajout de nouvelles vaccinations dans un calendrier vaccinal déjà chargé les deux premières années de vie n’est pas simple. Cependant, comme il s’agit d’une injection unique, cette vaccination est généralement bien acceptée. Le vaccin antiméningococcique C (antiMC) conjugué peut être effectué à 12 mois en même temps que le ROR. Si l’enfant est en collectivité et a déjà été vacciné par le ROR à 9 mois, le vaccin antiMC sera fait en même temps que le vaccin antipneumococcique 13 valences à 12 mois. Le vaccin antiMC peut aussi être effectué en même temps que le rappel du vaccin hexavalent à 16-18 mois. La 2e dose de ROR est alors reportée à 2 ans. »
Selon le Dr Sandrine Baron-Joly, afin d’obtenir rapidement une couverture vaccinale élevée, en plus de vacciner les jeunes enfants, il faut profiter de la période de remboursement de la vaccination de rattrapage pour proposer systématiquement la vaccination aux grands enfants et jeunes adultes jusqu’à 24 ans. Cela peut être fait lors d’une demande de contraception ou de certificats médicaux, de voyages, lors de l’entrée en collectivité et lors de toute consultation. L’immunité de groupe ainsi obtenue devrait aussi permettre de protéger les enfants de moins de 1 an.
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