EN 1957, LA PANDÉMIE de grippe dite asiatique a été causée par le virus influenza A(H2N2), lequel a circulé jusqu’en 1968, date à laquelle il a été remplacé par le virus A(H3N2), responsable de la grippe de Hong Kong. Avant 1957, ce sont des descendants directs du virus A(H1N1) à l’origine de la terrible grippe espagnole de 1918 qui circulaient. En 1977, une variété de A(H1N1) réémergea et, avec la souche A(H3N2), est à l’origine des grippes saisonnières de ces trois dernières décennies.
Ce bref rappel historique introduit une étude espagnole publiée par le bulletin « Eurosurveillance » (vol. 14, n°39). Les auteurs (hôpital Donostia, Réseau des maladies respiratoires et faculté de médecine, San Sebastian) ont étudié 941 cas de grippe saisonnière A(H3N2) et A(H1N1) survenus entre septembre 1999 et août 2009 et 112 de grippe pandémique A(H1N1)v recensés dans le pays basque espagnol entre le 26 avril 2009, date du premier cas identifié, et le mois d’août.
Les malades atteints de grippe saisonnière ont été le plus souvent touchés par des souches H3 : le rapport H3/H1 est de 3,5. Il est de 3,4 pour les moins de 60 ans et de 9,8 pour les 60 ans et plus, suggérant que les personnes nées avant 1950 ont une immunité résiduelle contre le sous-type H1N1. Et comme deux seulement des victimes de la grippe pandémique avaient plus de 59 ans, on peut supposer que cette immunité est valable aussi pour H1N1v, une hypothèse qui fait son chemin.
Par ailleurs, les échecs de la vaccination (55) dus au virus H3N2 étaient trois fois plus nombreux que ceux dus à H1N1, d’où l’on déduit une plus grande variété génétique du sous-type H3, laquelle pourrait expliquer également les plus grandes fréquence et sévérité des infections dues à ce sous-type.
Les auteurs concluent que l’immunité résiduelle contre le virus H1N1, que la grippe soit saisonnière ou pandémique, est probablement due à la plus faible capacité de dérive génétique du H1N1, combinée à une large circulation entre 1918 et 1957.
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