« La création de ce comité répond à une nécessité de longue date de mieux évaluer et de mieux répondre à un risque qui était identifié depuis plusieurs années », a déclaré en préambule Louis Gautier, secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale. « Il ne faut pas surinterpréter cet événement au regard de l’actualité immédiate », a-t-il insisté, évoquant les attentats du 13 novembre perpétrés à Paris et Saint-Denis.
À l’instar du National Science Advisory Board for Biosecurity (NSABB) – l’organe américain qui avait retardé en 2012 la publication relative au virus H5N1 mutant – le Conseil national consultatif pour la biosécurité (CNCB) mis en place le 30 novembre dernier, a pour mission d’ « éclairer les pouvoirs publics, la communauté scientifique et la population sur les enjeux de sécurité, les bénéfices et les risques que présentent les progrès de la recherche en science de la vie ». Co-auteur du rapport de l’Académie des sciences sur « les menaces biologiques » dont les recommandations de 2008 ont abouti à la création du CNCB, le Pr Henri Korn s’est notamment attardé durant cette séance inaugurale sur la question du bioterrorisme, « un problème beaucoup plus important qu’on ne l’a cru jusqu’à maintenant ».
Faire face aux nouveaux risques
En premier lieu, selon lui, du fait de la « facilité relative » à élaborer des substances létales ABO (agents of biological origin). « Il suffit d’avoir un grand local, une ou deux centrifugeuse, un ou deux fermenteurs et les connaissances scientifiques que requièrent leur fabrication sont a minima celles d’un laborantin et en tout cas de quelqu’un qui n’est pas particulièrement versé dans la connaissance scientifique approfondie des choses », a-t-il expliqué. Parmi les « nouvelles menaces », le Pr Korn cite « les avancées récentes des sciences de la vie qui permettent aujourd’hui de modifier des agents pathogènes, de créer des organismes totalement nouveaux » résistant aux antibiotiques. Et « grâce aux progrès des biotechnologies, on peut désormais réaliser la synthèse complète in vitro de virus connus à partir des données de leur séquence nucléotidique », a-t-il poursuivi. Le plus menaçant reste à ses yeux à venir avec la technique du « DNA shuffling », laquelle consiste à couper l’ADN d’un gène mutable en petits morceaux puis de le reconstituer au hasard, « créant ainsi des séquences nouvelles complètement inconnues qui peuvent être aussi dangereuses », ajoute le Pr Korn.
Panel d’experts
Ce dernier fait partie des six premières « personnalités qualifiées » à intégrer pour cinq ans le CNCB, aux côtés du Pr Patrick Berche (directeur général de l’Institut Pasteur de Lille), du Dr Patrice Binder (médecin général inspecteur en deuxième section des officiers généraux), du Pr Antoine Danchin (biologiste spécialiste de la génétique et de la génomique microbienne), du Dr Jean-Claude Desenclos (directeur scientifique adjoint au directeur général de l’Institut de veille sanitaire) et du chimiste Bernard Meunier (directeur de recherche émérite au CNRS). Ces experts proposés par l’Académie des sciences après avis favorable du ministre de la Recherche, devront œuvrer de concert avec des hauts fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères, de la Recherche, de la Santé et de l’Intérieur, dont Benoît Vallet (directeur général de la Santé), Roger Genet (directeur général de la recherche et l’innovation), Louis Gautier, Patrick Calvar (directeur général de la sécurité intérieure), Hélène Duchêne (directrice des Affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement) et Laurent Collet-Billon (délégué général pour l’armement). Le CNCB se réunira au moins une fois par an et pourra être convoqué en urgence « en cas de menace pour la sécurité nationale ». Ce comité pourra mener « des travaux de prospective et de surveillance sur la dualité des recherches biologiques » dans le but « d’alerter les pouvoirs publics de toute dérive », avec des avis et recommandations « pour la gestion des résultats des travaux scientifiques » susceptibles d’être à l’origine de nouvelles menaces, précise un communiqué commun de l’Académie des Sciences et du SGDSN.
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