LE QUOTIDIEN : La Société française et francophone des plaies et cicatrisations (SFFPC) fête ses 20 ans. Qu’est-ce qui a présidé à sa création ?
Dr SYLVIE MEAUME : La SFFPC a été créée sous l’impulsion de médecins, chirurgiens et infirmiers qui étaient amenés à soigner des patients avec des plaies chroniques et qui avaient besoin d’échanger sur des sujets peu traités alors que ces pathologies très fréquentes touchent environ un million et demi de personnes. Ces différents soignants ont commencé à se réunir autour de ces problématiques très transversales. De nombreuses spécialités sont en effet concernées, de la gériatrie à la dermatologie, en passant par la médecine physique et la chirurgie. La Société savante est ainsi née du terrain, pour répondre aux besoins de soignants d’univers et de métiers différents. Cette diversité perdure, avec actuellement un président, le Dr Luc Téot, chirurgien, et deux vice-présidentes, Isabelle Fromantin, infirmière et moi-même, dermatologue.
Quelles sont ses principales missions ?
La SFFPC est devenue un organe légitime pour aborder ces questions et l’un des interlocuteurs, aux côtés d’autres sociétés savantes, des autorités de santé, comme la Haute Autorité de santé (HAS), les Agences régionales de santé (ARS) ou encore la Caisse nationale d’Assurance-maladie (CNAM). Elle joue un rôle moteur dans différents projets, comme la campagne « Sauve ma peau, maîtriser le risque escarre », menée par l’ARS Ile-de-France en 2013-2014. Cette campagne d’information et de formation des soignants déployée dans une centaine d’établissements a permis de réduire l’incidence des escarres. Au-delà des bénéfices pour les patients, elle s’est traduite par des économies de santé. La SFFPC est également partie prenante, en association avec la CNAM, du projet Prado « plaies chroniques », programme d’accompagnement du retour à domicile de patients souffrant d’escarres, d’ulcères veineux ou de pied diabétique. Une application, e-mémo, a été développée dans ce cadre.
L’objectif à terme est de former le plus de soignants possibles à la prise en charge de base des différentes plaies, les patients présentant des problèmes complexes étant alors adressés à des centres référents. Ceci va dans le sens de l’évolution de la législation, qui met l’accent sur le développement de la télémédecine et des protocoles de coopération.
Quelles sont les autres actions en matière de formation ?
Le congrès annuel plaies et cicatrisation, organisé notamment avec le soutien des laboratoires qui proposent des dispositifs médicaux, constitue bien sûr l’un des temps forts de notre discipline. Il permet le partage d’expériences, de façon très concrète au travers des nombreux ateliers. Au niveau universitaire, la SFFPC a été à l’origine du premier DU en plaies et cicatrisation, mixte réunissant médecins et infirmiers. Après les pionnières Paris et Montpellier, une dizaine de villes offrent désormais cette formation, y compris dans les DOM-TOM. Mais naturellement, la SFFPC a pris le virage du numérique et a mis au point un e-learning, tutoriel pour débutants et soignants plus confirmés, qui devrait être effectif dans les prochains mois. Cette démarche devrait donner une nouvelle dimension à la formation à la prise en charge des plaies.
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