« LES INFECTIONS INVASIVES à méningocoques (IIM C) sont particulièrement graves, surtout en cas de purpura fulminans », souligne le Dr Brigitte Virey. « La létalité globale est de 11 %. Le méningocoque C est le plus redoutable, ce qui n’est pas toujours connu ». Il est en effet responsable d’un taux de mortalité de 19 %, contre 9 % pour les IIM B. En cas de purpura fulminans, la mortalité atteint 39 % pour le C, 24 % pour le B. Les séquelles de ces infections sont lourdes, cicatrices et amputations en cas de purpura, surdité et troubles neurologiques en cas de méningite. Avec là aussi un pronostic plus sombre pour les IIM C.
Selon les données de l’Observatoire des méningites (2001-2005), les méningocoques sont responsables de la moitié des méningites bactériennes de l’enfant entre 1 mois et 18 ans, les deux tiers surviennent avant l’âge de 5 ans. Le sérogroupe C est en cause dans un tiers des cas. Les jeunes enfants de moins de 4 ans et les adolescents et jeunes adultes de 15 à 24 ans sont les plus vulnérables vis-à-vis des IIM C. 75 % des souches C appartiennent au complexe clonal ST 11 qui est associé à un plus mauvais pronostic et dont l’augmentation inquiète les experts.
L’exemple de nos voisins européens.
En France, l’incidence des IIM C est variable d’une année à l’autre et d’une région à l’autre, mais les « alertes », c’est-à-dire des foyers épidémiques locaux ayant imposé la vaccination systématique des jeunes dans une région, ont été fréquentes ces dernières années. On se souvient des alertes du Puy-de-Dôme en 2001, des départements du Sud-Ouest en 2002, puis de la Haute-Vienne en 2005 et 2007. Au total, 500 000 jeunes ont été vaccinés. « Nos voisins européens ont, quant à eux, opté depuis plusieurs années pour la vaccination généralisée », souligne le Dr Virey. Les Britanniques ont été les premiers, dès 1999, à la suite d’une augmentation rapide de l’incidence des IIM C dans leur pays. En un an, ils ont obtenu une couverture vaccinale supérieure à 90 % chez les nourrissons et de l’ordre de 85 % chez les plus grands (le rattrapage a d’abord concerné les enfants et adolescents jusqu’à 18 ans, puis il a été étendu aux jeunes adultes jusqu’à 25 ans). Avec pour conséquence une diminution spectaculaire des IIM C dans la population générale. « En effet, quand on atteint un taux élevé de vaccination, le germe ne circule plus et les infections disparaissent », explique le Dr Virey, qui ajoute « on protège aussi les plus jeunes nourrissons, qui ne sont pas encore vaccinés ». Aux Pays-Bas, où les autorités sanitaires ont choisi de vacciner les enfants à 14 mois par une seule dose de vaccin antiméningococcique conjugué, avec un rattrapage jusqu’à 18 ans, le taux de couverture vaccinale a atteint 94 % et l’incidence des IIM C a diminué de 99 % (voir schéma) !
Une dose pour tous les enfants et jeunes jusqu’à 24 ans
C’est le schéma choisi par le Comité technique des vaccinations, qui recommande donc, dans le calendrier vaccinal 2010, de vacciner tous les nourrissons entre 1 et 2 ans avec un rattrapage jusqu’à 24 ans révolus. En pratique, le Dr Virey suggère d’associer, en un site différent, le vaccin antiméningococcique conjugué au rappel pentavalent ou hexavalent à 16 mois, pour les enfants en collectivité (l’âge de la première injection de ROR étant recommandée à 9 mois et la deuxième à 12 mois en association avec le vaccin conjugué antipneumococcique qui depuis peu contient 13 valences et non plus 7). Pour les autres on peut proposer l’injection contre le méningocoque C à 14 mois ou à l’occasion de la visite prévue à 20 mois. Chez les plus grands, le vaccin antiméningocoque conjugué C peut être fait avec les rappels habituels ou lors d’une consultation annuelle (pour certificat d’aptitude sportive) par exemple. L’important, insiste le Dr Virey, est d’obtenir rapidement, comme nos voisins britanniques, espagnols ou hollandais, une couverture vaccinale élevée chez tous les enfants, adolescents et jeunes adultes de 1 à 24 ans. Le schéma vaccinal d’une seule dose et la très bonne tolérance du vaccin devraient faciliter sa mise en place.
(1) Réunion organisée avec le soutien institutionnel des laboratoires Pfizer
(2) Pédiatre, Dijon
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