ENTRE Stade de France et Haute Autorité de santé, le QG de l’EPRUS s’est installé à Saint-Denis, au nord de Paris, en janvier dernier. Enfin ! Car les débuts de la structure avaient connu quelques retentissants ratés. Pas de statuts adaptés, pas de locaux, une gestion des stocks dispersée, des dates de péremption mal évaluées. Après une première année chaotique, le directeur avait même fini par être débarqué par les tutelles (ministères de la Santé et de l’Intérieur). Les polémiques avaient continué. Les stocks étaient jugés surdimensionnés. Mais la crise est arrivée, avec le virus A(H1N1) et la première pandémie du siècle décrétée par l’OMS. « Ce n’était pas le scénario prévu avec la grippe aviaire, note Thierry Coudert, le nouveau directeur général, tant il est vrai qu’en matière de sécurité sanitaire, ce n’est jamais ce qu’on prévoit qui survient. Mais nous avons été créés en avance sur l’événement. Et aujourd’hui nous sommes prêts. »
Cet ancien préfet, qui fit ses classes sanitaires à la préfecture d’Alsace lors de la canicule de l’été 2003, puis dirigea les cabinets de Brice Hortefeux, constate que le contexte prépandémique a fait taire les critiques : « Plus personne aujourd’hui ne considère que nos stocks de masques sont surévalués : alors qu’on sait que leur efficacité n’excède pas quatre à six heures, un milliard de masques FFP2 et 700 000 masques chirurgicaux, le stock n’est pas excessif. Personne ne jugera non plus qu’avec 33 millions de doses de Tamiflu, la France voit trop grand. Notre établissement pharmaceutique, unique en son genre en Europe, a la capacité d’organiser une gestion centralisée des produits de santé, selon un schéma national, avec des stratégies de stockage qui permettent d’acheminer depuis les plateformes zonales, en moins de 24 heures sur n’importe quel point du territoire, y compris les DOM-TOM, les produits nécessaires. C’est un atout majeur. »
L’EPRUS est le deuxième gestionnaire de stocks nationaux, après l’armée. Ses acheteurs négocient avec les laboratoires, en prenant garde à une cartellisation éventuelle des producteurs. Couvertes par le secret défense, les transactions intègrent les prix comme un élément majeur, mais non pas principal : le calendrier et la capacité de production sont les éléments de base des commandes, pour les vaccins comme pour les autres produits. Attention, souligne Thierry Coudert, nous sommes exclusivement des logisticiens. Toutes les expertises techniques, par exemple pour vérifier la validité et les dates de péremption, relèvent de la DGS (Direction générale de la Santé) et de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé).
1 500 professionnels de santé à recruter.
Les 24 heures chrono de l’EPRUS s’appliquent aussi à la réserve sanitaire. Les professionnels de santé sont susceptibles en cas de survenue de catastrophe d’être mobilisés et dépêchés sur les lieux du jour au lendemain. À plusieurs reprises ces derniers mois, les volontaires ont tenu le délai, lors de crises internationales (blocage de l’aéroport de Bangkok, attaques terroristes de Bombay, suites de la guerre de Gaza). Jusqu’à présent, aucune intervention n’a été déclenchée en France.
Actuellement, quelques centaines de professionnels de santé se sont portés volontaires. L’EPRUS prévoit d’en recruter pour la rentrée 1 500 : 500 dans la réserve d’intervention (offres de soins sur le territoire national, en appui aux dispositifs locaux) et 1 000 dans la réserve de renfort, qui sera déployée à l’occasion de crises sanitaires de grande ampleur (canicule) ou de temporalité longue (pandémie grippale). Parmi les professionnels de santé, non seulement les médecins en activité sont mobilisables, mais aussi les étudiants qui ont validé leur DCEM2 et les retraités ayant arrêté leur activité depuis moins de trois ans - un délai qui va être porté à quatre ans.
Pour tous ces volontaires, c’est l’EPRUS qui est l’employeur unique, qui les protège juridiquement en cas d’accident, leur assure une formation spécialisée et qui les indemnise, qu’ils soient libéraux (indemnités calculées sur la base de la déclaration de l’année dernière) ou hospitaliers. Il les dispense du parcours du combattant, lourd et compliqué, que doivent souvent effectuer les humanitaires avant de partir.
Tout l’été, à l’ombre du Stade de France, les 35 permanents - juristes, logisticiens, pharmaciens... - vont gèrer le back-office, veiller au cadençage de l’approvisionnement en vaccin, s’assurer des plateformes zonales, contrôler les dates limites, élaborer la mise en uvre de la réquisition des médecins, qui sera gérée, en cas de nécessité, par l’EPRUS, en lien avec les préfets. « Ils font leur métier de gestionnaires de crise avec motivation et énergie », se félicite Thierry Coudert. Dans l’attente, apparemment sereine, du baptême du feu.
www.eprus.fr, reserve.sanitaire@eprus.fr, 0800.00.21.24.
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