DE NOTRE CORRESPONDANTE
« LA DENGUE est une maladie grave, et il n'existe actuellement aucun traitement ni vaccin pour prévenir la maladie, souligne dans un communiqué le Dr Mariano Garcia-Blanco, professeur de génétique moléculaire et de microbiologie a l'Université Duke (Durham, NC) qui a dirigé ce travail. Chacun de ces nouveaux facteurs de l'hôte représentent une cible thérapeutique potentielle pour bloquer ou enrayer l'infection virale. »
La dengue, maladie virale transmise par les moustiques ( Aedes), est responsable d’un syndrome de type grippal sévère et parfois d'une complication potentiellement mortelle appelée dengue hémorragique.
La dengue a progressé de façon spectaculaire ces dernières décennies, et sévit aujourd'hui dans la plupart des régions tropicales et subtropicales de la planète, avec une prédilection pour les zones urbaines et semi-urbaines. Près de la moitié de la population mondiale est désormais exposée au risque d'infection et 50 millions de cas annuels sont recensés par l'OMS.
Tout virus utilise des constituants de la cellule hôte pour se multiplier et les quatre virus de la dengue (DENV-1 -4) nécessitent probablement de nombreux facteurs hôtes puisqu'ils possèdent peu de matériel génétique. Toutefois, seule une poignée de facteurs de l'hôte moustique ou de l'hôte humain indispensables au virus de la dengue ont été identifiés à ce jour.
Afin d'identifier ces facteurs, l'équipe de Garcia-Blanco s'est tournée vers la mouche drosophile, étroitement apparentée au moustique mais dont la génomique fonctionnelle est plus facile à étudier.
Les chercheurs ont conduit un dépistage in vitro sur des cellules de drosophile infectées par le virus DENV-2, inactivant un à un chacun des 14 000 gènes de la mouche, grâce à la technique d'interférence ARN (ARNi). Cela, afin de découvrir quels gènes, ou facteurs hôtes, sont indispensables à la multiplication du virus de la dengue.
Ce dépistage a permis d'identifier 116 facteurs hôtes, dont seulement 5 étaient préalablement connus pour être impliqués dans la propagation du virus de la dengue.
Dans un deuxième temps, chez le moustique vivant, l'équipe a constaté que la déplétion d'un de ces facteurs hôtes (homologue lola inactivé par ARNi) réduit la capacité du virus DENV-2 à infecter le tissu intestinal du moustique.
Aérosol contre les moustiques.
Cette découverte, bien que préliminaire, suggère qu'on pourrait inhiber sélectivement la réplication du virus de la dengue chez les moustiques. Par exemple, un aérosol contenant des substances inhibitrices pourrait être développé afin de l'utiliser non pas pour tuer les moustiques mais pour les transformer en vecteurs moins efficaces du virus de la dengue.
Puisqu'un tel produit pharmacologique ciblerait des facteurs de l'hôte, et non pas le virus directement, le virus serait moins susceptible de développer une résistance.
Enfin, parmi les 116 facteurs hôte du virus de la dengue identifiés chez les insectes, 82 avaient des homologues humains reconnaissables. Ils ont été inactivés (par ARNi) un par un dans des cellules humaines infectées par le virus DENV-2, et 42 d'entre eux se sont révélé être des facteurs hôte indispensables pour la multiplication du virus chez l'homme.
« Ce travail suggère de nouvelles approches pour contrôler l'infection chez le vecteur insecte et l'hôte humain », concluent les chercheurs.
« Cette étude importante, déclare le Dr Anthony Fauci, directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID, NIH), allonge considérablement la liste des cibles candidates pour le développement pharmacologique contre la dengue. Cette découverte devrait amener à mieux comprendre comment le virus de la dengue cause la maladie, et ouvrir de nouvelles avenues pour développer des traitements spécifiques. »
Nature 23 avril 2009, Sessions et coll., pp 1047-1050
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