Le résultat final de l'étude cas-contrôle menée depuis 2015 au Brésil vient de confirmer dans le « Lancet infectious disease » définitivement le lien entre l'infection des femmes enceintes par le virus Zika et l'apparition d'une microcéphalie chez le fœtus.
Les auteurs de l'étude, menée par le Dr Thalia Velho Barreto de Araújo (département de médecine sociale de l'université fédérale de Recife), devaient faire le tri entre les différentes causes potentielles de malformation congénitale : l'infection congénitale par le virus Zika bien sûr, mais aussi la vaccination (tétanos, diphtérie, coqueluche, rougeole, rubéole, oreillon…) et surtout l'exposition au Pyriproxyfène, un larvicide cité comme une autre cause probable de malformation congénitale.
Les 91 cas, recrutés dans 8 maternités hospitalières de Recife, étaient des enfants nés avec une microcéphalie, définie par une circonférence de la tête inférieure de 2SD à la moyenne. Chacun d'entre eux a été comparé à 2 cas contrôles, nés à la même date et dans la même région. La présence du génome du virus Zika a été recherchée dans le liquide céphalo rachidien et le sérum de chaque enfant, de même que la présence d'anticorps IgM spécifiques à ce flavivirus. Des traces d'infection ont également été recherchées chez les mères.
L'infection congénitale a été confirmée chez 32 cas (37 %) et chez aucun contrôle. Le poids à la naissance était en dessous de la moyenne chez 83 % des cas, contre 5 % des contrôles. L'infection congénitale par le virus Zika était associée à un risque de microcéphalie multiplié par 73,1. En revanche, ni la vaccination au cours de la grossesse, ni l'exposition au Pyriproxyfène n'étaient statistiquement associées au risque de microcéphalie.
Les chercheurs ont disposé des résultats de tests de la présence du virus Zika dans le liquide céphalorachidien (LCR) de 79 enfants. Dix d'entre eux présentaient à la fois des résultats positifs pour la présence de Zika dans le LCR et des anomalies cérébrales, 13 étaient positifs pour la présence de Zika mais n'avaient pas d'anomalie cérébrale et 11 étaient négatifs pour Zika mais présentaient des anomalies.
Le virus dévoile ses mécanismes
Alors que l'étude brésilienne fait la preuve d'un lien entre Zika et microcéphalie, l'étude réalisée par des chercheurs français (Hôpital Necker-Enfant Malades, AP-HP, et Institut Pasteur) et belges (Université de Liège et CHU Sart Tilman) et publiée dans « Nature Neuroscience », décrit les mécanismes utilisés par le virus pour provoquer l'apparition de microcéphalies.
Les auteurs ont analysé des fœtus humains infectés par le virus Zika, des cultures de cellules-souches neuronales humaines et d’embryons de souris. Ils ont observé qu'une infection par le virus Zika des cellules souches neuronales qui contrôlent la neurogenèse, déclenche le stress du réticulum endoplasmique dans les cerveaux embryonnaires. L'infection provoque un stress cellulaire et induit des signaux correspondant à la conformation incorrecte des protéines qui favorise in fine l'apoptose.
De plus, le virus Zika infecte les cellules souches neuronales qui vont ainsi générer moins de neurones. « Ces découvertes démontrent une hypothèse que nous avions émise à la suite d’une étude fondamentale réalisée au préalable au sein de notre laboratoire, et confirment ainsi l’importance physiologique de la réponse à la conformation incorrecte des protéines dans le contrôle de la neurogenèse », explique Laurent Nguyen, de l'université de liège, co-auteur de l'étude avec le Pr Marc Lecuit de l'Institut Pasteur.
Les chercheurs ont poursuivi leurs travaux chez la souris en administrant des inhibiteurs de la réponse au repliement incorrect des protéines au sein de cellules souches neuronales. Cette opération empêchait le développement de la microcéphalie d’embryons de souris infectés par le virus Zika.
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