Greffe cardiaque à partir de donneurs atteints d'hépatite C : de bons résultats à 1 an

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Publié le 08/01/2020

Crédit photo : PHANIE

Le recours à des donneurs atteints d'hépatite C ne semble pas être une perte de chance pour les patients bénéficiant d'une transplantation cardiaque. En effet, une étude américaine parue dans le « Journal of the American Heart Association » montre qu'un an après la greffe, les résultats obtenus avec de tels donneurs sont comparables à ceux obtenus avec des donneurs non infectés. Le recours à ces donneurs est rendu possible par l'arrivée des antiviraux à action directe qui ont révolutionné la prise en charge de l'hépatite C.

La greffe cardiaque améliore la survie des personnes au stade terminal de l'insuffisance cardiaque, mais le nombre de greffons disponibles ne permet pas de faire face à une demande grandissante. « La pénurie de donneurs est la principale limite de la transplantation cardiaque. Notre étude, basée sur des données nationales, démontre que nous pouvons contribuer à résoudre ce problème en élargissant le pool de donneurs », indique au « Quotidien » le Dr Arman Kilic, du centre médical de l'université de Pittsburgh, premier auteur de l'étude.

36 centres sur 128 ont recours aux donneurs VHC+

Entre janvier 2016 et décembre 2018, 7 889 transplantations cardiaques ont été réalisées (hors greffes pédiatriques et greffes multi-organes) dans 128 centres américains. Parmi elles, 343 (4,4 %) proviennent de donneurs VHC+, définis par la présence d'anticorps anti-VHC dans le sang. Seuls 36 des 128 centres avaient recours à ces donneurs. Néanmoins, de plus en plus de centres ont utilisé ces donneurs entre 2016 et 2018.

Un an après la greffe, le taux de survie (critère principal) était similaire que les donneurs soient VHC+ ou VHC- ; il était respectivement de 90,2 et 91,1 %. Aucune différence n'a non plus été observée entre les deux types de donneurs pour les critères secondaires tels que le taux de rejet à 1 an et la durée d'hospitalisation après la greffe.

Évaluer la séroconversion

Les auteurs ont ensuite apparié les donneurs selon plusieurs caractéristiques pour parvenir à un échantillon homogène de 437 donneurs VHC- et de 238 donneurs VHC+ qu'ils ont pu comparer. Là non plus, aucune différence statistique n'a été mise en évidence entre les deux groupes, quel que soit le paramètre évalué.

En analysant uniquement les données des 36 centres qui ont eu recours aux donneurs VHC+ (soit 223 donneurs VHC- et 238 donneurs VHC+), le constat reste le même : les résultats obtenus sont comparables entre les deux groupes.

Dans une dernière analyse, les auteurs ont pris en compte les résultats du test d'amplification des acides nucléiques, qui permet de vérifier que le virus est toujours présent dans l'organisme ; ces résultats étaient connus pour 96,5 % des donneurs VHC+. Au total, 194 donneurs avaient un résultat positif à ce test, avec donc une hépatite C confirmée (pour les autres, la présence d'anticorps témoigne d'une exposition au cours de la vie). Les résultats de la greffe étaient similaires quel que soit le profil des donneurs (donneurs VHC+ avec test d'amplification positif ou négatif, et donneurs VHC-).

« Nous souhaitons évaluer de plus grandes cohortes de transplantation cardiaque utilisant des donneurs atteints d'hépatite C et rendre compte des résultats à plus long terme, avance Arman Kilic. Il sera également important d'évaluer les taux de séroconversion et les effets secondaires des médicaments. »


Source : lequotidiendumedecin.fr