Les neurofilaments, « une vraie révolution » qui s'annonce

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Publié le 30/05/2018
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neurofilament

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Crédit photo : PHANIE

Les neurofilaments à chaîne légère (NF-L) ont fait l'actualité lors du congrès de l'American Academy of Neurology du 21 au 27 avril à Los Angeles.

« C'est une vraie révolution, s'enthousiasme le Pr Thibault Moreau, neurologue au CHU de Dijon. La mise en évidence de ce biomarqueur dans le sang annonce la possibilité de faire le diagnostic, d'évaluer le pronostic et la réponse au traitement à l'aide d'une simple prise de sang. »

Plusieurs études récentes ont montré qu'une élévation du taux sanguins des NF-L est corrélée aux signes aigus d'inflammation (récidives, nombre de lésions) et est prédictive d'une aggravation de la maladie (progression du handicap).

Jusqu'alors réalisé dans le liquide céphalo-rachidien (LCR), le dosage des NF-L  s'est révélé aussi fiable dans le sang, malgré une concentration bien plus faible dans la circulation périphérique.  

Les neurofilaments sont des structures du cytosquelette caractéristique des neurones. Ces fibres très fines, qui se regroupent le plus souvent en faisceau, assurent le soutien des neurones. C'est un biomarqueur quantitatif potentiellement intéressant pour mesurer les destructions neuronales.

Les NF-L ne sont pas spécifiques de la SEP et sont retrouvés également dans la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose latérale amyotrophique ou encore après les traumatismes de la moëlle épinière. Dans la SEP, où la palette de médicaments disponibles est large, les applications ouvrent des perspectives pour le suivi et l'adaptation du traitement. « Les NF-L sanguins semblent performants pour tous les médicaments », souligne le neurologue.

Des équipes en Europe ont une reconnaissance internationale sur le sujet. Dans « Annals of Neurology » en juin 2017, l'équipe de Jens Kuhle à l'université de Bâle a publié des résultats obtenus à l'aide du test SIMOA. Les chercheurs suisses ont comparé les chiffres mesurés chez des contrôles (n = 254) et deux cohortes de sujets atteints de SEP (n = 142 et 246) au cours d'un suivi médian de 3 ans. L'étude a mis en évidence qu'un taux élevé était corrélé aux lésions cérébrales et médullaires à l'IRM.

Une alternative à l'IRM de contrôle ?

En novembre 2017, c'est une équipe norvégienne qui a fait parler des NF-L sanguins dans une revue de l'Académie américaine de neurologie, « Neurology : neuroimmunology and neuroinflammation ». L'équipe de Kristin Varhaug à l'université de Bergen a montré chez 85 patients ayant une SEP rémittente qu'il y avait une élévation des taux de NF-L lors des poussées et une diminution lors du traitement. Les auteurs concluent à un biomarqueur prometteur de l'activité infraclinique de la SEP et de la réponse au traitement.   

« Cela pourrait changer la façon dont la SEP est traitée, annonce Jens Kuhle. Les chaînes NF-L dans le sang sont un marqueur primaire de la réponse ou de la non-réponse au traitement. Si le traitement marche, la mesure est basse. Si le taux de NF-L est élevé, il faudrait choisir un autre médicament. » 

Le dosage des NF-L est peu coûteux. Les Norvégiens proposent que les NF-L deviennent une alternative à l'IRM de contrôle chez les patients stables. Néanmoins, l'idée de le substituer à l'IRM n'est pas encore à l'ordre du jour. « Le dosage des NF-L est intéressant en complément de l'IRM », estime Thibault Moreau. Déjà largement utilisé dans les essais cliniques, le test sanguin pourrait arriver dans un avenir proche en pratique courante, « sans doute d'ici 3 à 5 ans », projette le neurologue français.

Dr I.D.

Source : Le Quotidien du médecin: 9669