Marisol Touraine a annoncé ce Lundi lors du vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale sa décision d’autoriser la PrEP et son remboursement pour les populations les plus exposées au risque d’infection par le VIH. « Je suis favorable à la publication d’une recommandation temporaire d’utilisation du Truvada, un médicament qui doit nous permettre d’avancer significativement dans la lutte contre le VIH », a déclaré la ministre à l’Assemblée. L’avis de l’ANSM sera publié « probablement au cours de la première quinzaine de décembre » et la PrEP sera prise en charge à 100 % « au début de l’année 2016 ».
Une décision attendue
L’avis du gouvernement était très attendu. La PrEP a fait la preuve de son efficacité en réduisant le nombre de nouvelles infections par le VIH chez les populations concernées dans de nombreuses études, la dernière en date étant l’essai ANRS-IPERGAY dont les résultats ont été rendus publics au premier trimestre 2015. Sa mise en place à San Francsisco en 2012, « en conditions réelles » confirme la réduction significative des contaminations par le VIH dans les populations très exposées avec l’usage de la PrEP.
Après la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis, le CDC et l’OMS avaient recommandé en 2014 sa mise en place chez les populations à haut risque.
Les experts français du VIH réunis au congrès de la Société de Lutte contre le Sida (SFLS) le 9 octobre dernier, avaient eux aussi rendu un avis favorable pour la généralisation de la PrEP. Le 29 octobre, la commission d’évaluation de l’ANSM rendait un avis favorable à l’unanimité pour la mise en place d’une RTU.
La mobilisation de tous les acteurs
Cependant, malgré ces multiples occasions, la décision ministérielle d’autoriser l’application et le remboursement de la PrEP se faisait toujours attendre, alors que la première consultation de PrEP ouvrait ses portes à Paris (à l’hôpital St Louis) le 10 novembre. À l’initiative du CRIPS, l’ensemble des acteurs français de la lutte contre le VIH, parmi lesquels Françoise Barré Sinoussi, France Lert, Bruno Spire, Pierre Marie Girard, Christine Katlama, Gilles Pialoux, Yazdan Yazdanpanah, Willy Rozenbaum, des associations comme AIDES et Sida Info service, ou encore la Société francaise de lutte contre le sida, avaient co-signé une lettre le 16 novembre, adressée à la ministre de la Santé pour accélérer l’autorisation de la PrEP. L’intention de cette lettre était de « rassurer le ministère sur ce sujet difficile, et de garantir l’avis favorable de l’ensemble des acteurs de la prise en charge du VIH , expliquait Michel Bourrelly, président du CRIPS.
Une avancée majeure, selon le Pr Delfraissy
L’annonce de la décision ministérielle est donc accueillie avec enthousiasme parmi les différents partenaires qui se réjouissent de l’arrivée de ce nouvel outil de prévention. « C’est une grande satisfaction. Cette annonce est l’aboutissement d’un dossier de plus de trois ans et de notre investissement dans Ipergay pour que la PrEP soit accessible à tous ceux qui en ont besoin », s’est réjoui Christian Andreo, directeur général délégué de AIDES. « C’est une avancée majeure, a déclaré le Pr Jean-François Delfraissy, Directeur de l’ANRS. Elle va permettre aux différents acteurs – professionnels de santé, associations, municipalités, chercheurs – de se mobiliser autour d’un nouvel objectif : Éradiquer le VIH. » Cette décision « devrait maintenant ouvrir les portes à une autorisation de la PrEP dans les autres pays européens », ajoute-t-il.
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