Alors que plus de 3 000 patients atteints de Covid sont désormais hospitalisés en soins critiques, selon Santé publique France, la France entre « dans une période de turbulences avec Omicron », a jugé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, ce 21 décembre sur France 2. Le gouvernement a déjà recommandé de renoncer aux rassemblements pour le Nouvel An, mais n'exclut pas d'aller « au-delà » en cas de « reprise très forte de l'épidémie liée au variant Omicron », poursuit-il.
Ce nouveau variant, détecté en Afrique du Sud fin novembre, est « nettement plus contagieux que tout ce qu'on a connu : il se développe 70 % plus rapidement que les variants précédents et, tous les deux à trois jours, le nombre de cas double », souligne Gabriel Attal, citant l’exemple du Royaume-Uni où sa « progression absolument foudroyante » se traduit par « un déluge de contaminations ».
Une transmission domestique multiplié par près de trois
Dans sa dernière note technique datée du 17 décembre, l’agence sanitaire britannique (UK Health Security Agency – UKHSA) confirme de précédentes données sur la transmissibilité accrue d’Omicron. D’après des données encore préliminaires, elle estime ainsi qu’Omicron est associé à un risque de transmission domestique multiplié par presque trois par rapport à Delta. Concernant le risque de réinfection, « une analyse précoce suggère qu’il (…) peut être environ trois fois plus élevé » qu’avec les autres variants. Selon un communiqué de l’Institut Pasteur, différentes analyses indiquent par ailleurs un temps de doublement des cas tous les deux à quatre jours environ.
Dans une prépublication du 16 décembre sur « bioRxiv », des chercheurs de l’Institut Pasteur et du Vaccine Research Institute* détaillent également la sensibilité des anticorps face à Omicron, par rapport à Delta. « Les anticorps monoclonaux thérapeutiques anti-Sars-CoV-2 disponibles actuellement sont pour la plupart inactifs », commente Olivier Schwartz, co-auteur principal de l’étude et directeur de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur.
Concernant les neuf anticorps monoclonaux utilisés en clinique ou en développement, six d’entre eux « perdent totalement leur effet antiviral contre Omicron » : bamlanivimab, etesevimab, casirivimab, imdevimab, tixagevimab et regdanvimab. Les trois autres sont de 3 à 80 fois moins efficaces. La combinaison tixagevimab/cilgavimab - développée par AstraZeneca sous le nom de Evusheld – est par exemple « 80 fois moins efficace », est-il relevé, alors que le sotrovimab (Xevudy, GSK) apparaît « moins touché par les mutations » d’Omicron.
Les auteurs ont également constaté la « perte d’efficacité » des anticorps des convalescents, infectés au cours des 12 mois précédents. Quant aux anticorps présents dans les sérums des vaccinés 5 mois après un schéma complet (deux doses de Pfizer ou d’AstraZeneca), les craintes déjà exprimées se confirment : ils « ne sont plus capables de neutraliser Omicron ».
La durée de l’efficacité de la troisième dose reste inconnue
En revanche, une dose de rappel avec Pfizer « augmente fortement les taux d’anticorps, à un niveau suffisant pour neutraliser Omicron », est-il précisé. Par ailleurs, dans les tests de culture cellulaire, « il faut de 5 à 31 fois plus d’anticorps pour neutraliser Omicron, en comparaison avec Delta, indiquent les auteurs. Ces résultats permettent de comprendre comment les vaccins restent efficaces pour protéger contre les formes sévères de la maladie ».
La durée de l’efficacité de la troisième dose reste pour l’instant inconnue. Et, lors d’une conférence de presse ce 21 décembre, la directrice de l’agence européenne des médicaments, Emer Cooke, a rappelé qu’« il n'y a pas encore de réponse à la question de savoir si nous aurons besoin d'un vaccin adapté, avec une composition différente, pour lutter contre ce variant ou tout autre ».
L’autre inconnue concerne la sévérité de la maladie liée à Omicron. Le taux de cas graves nécessitant une hospitalisation n’est ainsi pas encore déterminé. Dans une analyse de risques, l’UKHSA indique que, selon les données disponibles au Royaume-Uni, « il n'y a aucun signal qui soutient une différence dans la virulence intrinsèque du virus Omicron par rapport à Delta ».
* En collaboration avec la KU Leuven (Leuven, Belgique), le CHR d’Orléans, l’Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), l’Inserm et le CNRS.
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