Christian Bréchot, directeur général de l’Institut Pasteur de Paris, parle d’un « épisode ancien ». Mais si les débuts de l’affaire datent de deux ans, elle continue de poursuivre l’Institut. Ce mercredi 8 mars, « Le Parisien » publie « Tempête à l’Institut Pasteur », révélant que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire le 19 décembre 2016, suite à des manquements de sécurité.
De quoi s'agit-il ? Le 11 octobre 2015 une scientifique de l’Institut Pasteur de Corée a transporté « clandestinement » 3 tubes d’échantillons de cellules possiblement infectées par le Mers Coronavirus dans un vol Séoul-Paris. Les cellules doivent être analysées à l’Institut Pasteur de Paris pour déterminer de leur infection ou non par le virus, mais ce dernier n’a pas été prévenu.
Cinq jours plus tard, les tubes sont déposés dans une unité de recherche de l’Institut Pasteur. Ils resteront sur les étagères, sans précautions. Le 27, d’après l’Institut Pasteur, « l’origine de ces échantillons n’ayant pu être déterminée précisément, et compte tenu du non-respect des procédures de réception de produits biologiques à l’Institut Pasteur à Paris, le Directeur général de l’Institut Pasteur a décidé la destruction de ces échantillons ». Ceux-ci sont donc détruits, sans respecter la procédure : signaler l’incident à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ce qui aurait dû être fait dans les 24 heures.
Un an plus tard, le journal « The Korea Times » fait fuiter l’affaire, accusant le Pr Bréchot d’avoir couvert la scientifique responsable du transport. En réponse, l’Institut Pasteur publie le 12 octobre 2016 un communiqué de presse, stipulant que « les échantillons transportés avaient subi un traitement d’inactivation et ne présentaient donc pas de risque de contamination », et précisant que les échantillons ont été transportés en soute et non pas en cabine.
« Il n’y a donc pas eu d’exposition à un risque de contamination pour les passagers du vol ou pour toutes les personnes qui auraient été en proximité avec ces échantillons transportés jusqu’au moment de leur destruction par l’Institut Pasteur de Paris. »
Néanmoins, fin octobre 2016, l’affaire fait l’objet d’un signalement de la part de l’ANSM, point de départ de l’enquête préliminaire du parquet de Paris.
Il y a bien eu « erreur de communication »
Le directeur général de l’Institut Pasteur a répondu à l’article du « Parisien » dans un point presse en présence du Dr Jean-François Chambon, directeur de la communication, et Christian Vigouroux, président du conseil d’administration.
S’il reconnaît une « erreur » dans le fait de ne pas avoir prévenu l’ANSM du problème, il réaffirme l’absence de risque : « Il n’y a jamais eu d’atteinte à la sûreté et la sécurité des personnes dans cet avion. Il n’y a jamais eu de manipulation de l’échantillon à l’institut pasteur. Il n’y a jamais eu d’exposition du personnel à du matériel infectieux. » Concernant le Korea Times, il dénonce une vendetta du directeur de l’Institut Pasteur de Corée de l’époque, licencié pour faute grave, qui a, selon lui, appelé le « Korea Times » « pour faire ces pseudos révélations ».
« L’erreur a été de ne pas faire de déclaration de l’ANSM. Il est vrai que l’Institut Pasteur aurait dû avoir une procédure plus stricte. L’épisode d’octobre nous a montré qu’il fallait aller plus loin dans la sécurité. » Les conditions de signalements ont donc été revues en février 2017 : auparavant, dans ce cas de figure, c’est au scientifique titulaire de l’autorisation à travailler sur des micro-organismes et toxines de déclarer l’incident à l’ANSM. À présent, le directeur général ou son représentant seront également chargés de cette tache. En revanche, Christian Bréchot dément l’affirmation du « Parisien » concernant la disparition de dix tubes de virus Ebola en février dernier.
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