LE QUOTIDIEN - Vous avez été condamné à verser solidairement 6,3 millions d’euros aux familles des 103 enfants. Où en êtes-vous du versement de cette indemnisation ?
Dr PHILIPPE VAN WINKELBERG - Nulle part. Cette affaire judiciaire, depuis le départ, est une mascarade. Nous avons été condamnés à payer solidairement, tous les six, mais je ne considère pas que j’aurais à m’acquitter du versement du sixième, c’est l’Arche de Zoé qui est incriminée. Encore faudrait-il, d’ailleurs, qu’une notification du jugement nous ait été transmise. Or, ni l’État tchadien, ni la chancellerie ne m’ont signifié une quelconque condamnation. Pour ma part, j’ai proposé de parrainer un des enfants, en effectuant des versements mensuels qui pourraient s’échelonner sur une période de dix à quinze ans et représenteraient une somme de l’ordre de 60 000 euros*. Mais comment voulez procéder, alors qu’aucune identification d’enfants n’a été faite et que nous ne connaissons même pas les parties civiles ?
En France, vous avez été mis en examen, avec les cinq autres membres de l’Arche de Zoé, pour infraction à la législation sur l’adoption, tentative d’entrée illicite d’enfants sur le territoire et escroquerie. Où en est l’instruction du volet français ?
Le juge d’instruction m’a auditionné au mois de novembre et pour me confirmer que j’étais mis en examen et que je faisais l’objet d’un contrôle judiciaire. C’est tout. Depuis, je n’ai reçu aucune nouvelle.
Un an après, comment analysez-vous personnellement toute l’affaire ?
Je pense surtout à ces enfants du Darfour et je suis rempli d’amertume. En apparence, j’ai retrouvé mon activité normale de généraliste et d’hospitalier à Castellane, ma vie a repris comme avant. Mais la blessure n’est pas cicatrisée. Quand je vois l’évolution de la situation au Darfour, avec le mandat d’arrêt international lancé par la Cour pénale internationale contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crime contre l’humanité, je suis plus que jamais inquiet pour le sort des enfants. Dans toute notre affaire, les médias et les politiques se sont avant tout souciés de ceux qu’ils appelaient des voleurs d’enfants. Mais qui a eu le souci de ces enfants soi-disant volés ? Notre projet ne visait qu’à les protéger. Nous n’avons aucune information sur ce qu’ils sont devenus. Le sujet semble n’intéresser personne. Nous n’avons pas été compris. Nous avons échoué.
* « Le Quotidien » du 21 octobre 2008.
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