Une pression artérielle élevée à 50 ans est associée à un risque accru de démence, en raison d'une exposition plus longue à de petites lésions cérébrales, selon une étude INSERM en collaboration avec le Department of Epidemiology and Public Health of University College London parue dans « European Heart Journal ».
« Nous supposons depuis longtemps un lien entre hypertension artérielle (HTA) et démence, mais cette association n'était pas retrouvée chez les personnes âgées », indique au « Quotidien » Archana Singh-Manoux, directrice de recherche INSERM et une des auteurs de l'étude. De précédentes observations suggéraient que l'HTA à un âge moyen augmentait le risque de démence à un âge plus tardif, sans que les données n'aient permis de définir précisément cet âge moyen.
45 % de risque de plus de développer une démence
Lancée en 1985, la cohorte Whitehall II a permis de suivre 8 369 personnes pendant 30 ans. « Nous avons ainsi pu mesurer la pression systolique et la pression diastolique sur les mêmes patients à l'âge de 50, 60 et 70 ans pour étudier le lien avec la démence », explique la chercheuse. Au total, 385 patients ont développé une démence.
Archana Singh-Manoux et son équipe ont montré que les personnes de 50 ans ayant une pression artérielle systolique (PAS) de 130 mmHg minimum avaient 45 % de risque en plus de développer une démence, en comparaison à celles ayant une PAS normale. Ce risque accru de démence n'a pas été observé chez les patients de 60 ou 70 ans. Aucune association avec la pression diastolique n'a été démontrée.
Par ailleurs, ce risque accru de démence associé à une PAS élevée est présent que les personnes aient une maladie cardiovasculaire clinique ou non.
Le risque de démence est lié à la durée d'exposition
Ces résultats suggèrent que la durée d'exposition à une PAS élevée a un impact sur le risque de démence. La survenue de lésions cérébrales non détectables pourrait en être la cause. Une PAS élevée à l'âge de 50 ans induirait ainsi une durée d'exposition plus longue à ces lésions, ce qui expliquerait en partie le lien avec la démence.
À noter que les seuils permettant de caractériser une HTA sont de 140/90 mmHg. Toutefois, « depuis un certain temps, la révision des seuils est discutée par les cardiologues. L'American Heart Association a déjà modifié ses recommandations l'année dernière », note Archana Singh-Manoux. Le seuil de définition de l'HTA est ainsi passé de 140/90 à 130/80 mmHg aux États-Unis.
« Pour la maladie d'Alzheimer et la démence, le gouvernement français a décidé de ne plus rembourser les médicaments. Rien ne marche pour le moment, estime Archana Singh-Manoux. Avec mon équipe, notre point de vue est qu'il faut regarder les pistes de prévention et encourager les patients qui ont de l'HTA à 50 ans à se soucier de leur cœur, mais aussi de leur cerveau, par la perte de poids, la pratique de sport, la prise de médicament… », conclut-elle.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce