L’impression 3D explose aux États-Unis, et arrive timidement en France. Reproduction à l’identique de l’anatomie pour s’exercer avant d’opérer le vrai patient, fabrication d’implants sur mesure, et pourquoi pas, demain, d’organes vivants : les promesses dans le champ médical sont immenses. Le CHU de Dijon, pilote en chirurgie maxillo-faciale, a acheté une imprimante 3D pour reproduire les crânes des patients. L’opération gagne en précision. La durée des interventions se réduit, le risque médical également. La 3D pourrait bouleverser le métier de chirurgien dans un avenir proche.
La précieuse machine a été livrée en décembre. Pas un jour sans qu’elle n’ait servi depuis. Le CHU de Dijon vient d’ailleurs d’acheter une deuxième imprimante 3D. L’homme qui dirige la chirurgie maxillo-faciale du CHU en est convaincu : une révolution est en marche.
« Un jour, prophétise le Pr Narcisse Zwetyenga, un chirurgien pourra opérer quelqu’un qu’il n’aura jamais vu ni touché, avec un implant imprimé en 3D, qu’il saura placer avec la plus extrême précision ». Un jour, l’imprimante 3D trônera peut-être aussi dans un coin du cabinet libéral. Le généraliste appuiera sur un bouton, une réplique de pancréas sera assemblée en quelques minutes. « Votre tumeur est localisée ici, voilà comment marche votre traitement », expliquera-t-il à son patient médusé.
Le CHU de Dijon n’en est pas encore là. Son imprimante 3D lui sert, à partir de clichés d’imagerie, à imprimer le squelette facial de patients défigurés par un cancer ou une tentative de suicide par arme à feu. Hier, le chirurgien scrutait l’image sur écran pour planifier son geste. Aujourd’hui, il peut manipuler une forme en trois dimensions, faite de microscopiques couches de plastique thermoformable déposées les unes sur les autres. Une reproduction fidèle du crâne du patient, sur laquelle l’équipe modèle les plaques et les vis avec une précision redoutable. Le jour de l’opération, « on va beaucoup plus vite car on a déjà estimé la partie à réséquer et la partie osseuse à prélever pour reconstruire la mâchoire », raconte le Pr Zwetyenga. Plusieurs visages ont ainsi été reconstruits depuis le début de l’année à Dijon.
A priori, moins d’infections, et des économies
Avec une opération écourtée, le risque anesthésique est a priori plus faible. Le séjour lui aussi est raccourci (cinq jours au lieu de sept pour réparer un fracas du massif facial moyen). À la clé, une possible baisse du risque infectieux - le recul manque encore -, et des économies. Du moins en théorie. « Nous avons réussi à prendre en charge des malformations congénitales que la chirurgie n’arrivait pas à traiter. Si l’on prend davantage de cas complexes, cela coûtera peut-être plus cher », nuance le chef de service dijonnais, qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Son rêve pour demain : l’impression d’un implant mandibulaire sur mesure. Des sociétés spécialisées le font déjà, mais pas les établissements de santé, qui, en France, ne sont pas autorisés par la loi à fabriquer eux-mêmes de tels implants. Autre frein puissant : une machine imprimant le titane en trois dimensions coûte jusqu’à 400 000 euros. Plusieurs universités et équipes de recherche se réuniront peut-être un jour pour acquérir ce bijou de technologie.
Un atout pour la formation médicale
L’étape ultime, l’impression d’un os ou d’un organe vivant, relève encore de la fiction (lire ci-dessous). Mais sans attendre, les chirurgiens défilent au bloc opératoire de Dijon pour envisager des applications dans leurs différentes spécialités. Les orthopédistes songent à imprimer une hanche en plastique. Les internes apprennent de nouveaux gestes : ils s’essayent à l’ostéotomie sagittale mandibulaire.
Le CHU de Dijon est l’un des premiers en Europe à s’être équipé d’une imprimante 3D. « Cela peut très bien se généraliser dans les prochains mois, anticipe le Dr Jacques Caton, chirurgien orthopédique à Lyon. L’impression 3D permet de planifier la correction de l’axe de l’os. Elle va faciliter notre travail, le rendre plus précis. C’est l’avenir ».
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