« Les allergies alimentaires constituent aujourd’hui la deuxième vague d’augmentation des allergies après celle des allergies respiratoires de la fin du siècle dernier », souligne le Pr Jocelyne Just, présidente de la Société française d’allergologie (SFA) et co-présidente du 12e Congrès francophone d’allergologie (CFA) qui se tient jusqu’à ce vendredi 28 avril au palais des Congrès de Paris. Le thème « Allergie et alimentation » a constitué le fil rouge de cette édition 2017. « Qu’elles soient respiratoires ou alimentaires, les causes de la progression des allergies sont fortement liées à notre environnement », rappelle le Pr Just qui évoque outre le manque de biodiversité, l’impact de la pollution ou de l’allongement des périodes de pollinisations lié au changement climatique. L’allergologue cite l’exemple de l’émergence des allergies au bouleau en région parisienne, un allergène ayant la particularité de ressembler sur le plan moléculaire à certains fruits et légumes : « On est passé de la banale rhinite allergique à l’asthme puis à l’allergie alimentaire. Les allergies se complexifient, deviennent plus sévères, multiples, avec des malades qui s’auto aggravent, s’exposant à un risque plus important d’anaphylaxie », remarque l’allergologue.
Nouvelles formes
En matière d’alimentation, des nouvelles formes non liées à l’IGE apparaissent, à l’image des intolérances au gluten. « Ces cas qui étaient auparavant rares explosent et imposent aujourd’hui de mieux structurer le système de soins », poursuit le Pr Just qui insiste sur l’importance de mieux former les médecins, stimuler la recherche et développer les centres de référence. Si l’allergologie est désormais reconnue comme une spécialité universitaire à part entière dans le cadre de la réforme du troisième cycle des études médicales, la discipline reste en quête de moyens sur le terrain pour ne pas être freinée dans son élan. « Nous n’avons que 30 internes en allergologie au prochain semestre de novembre 2017. C’est complètement insuffisant », déplore le Pr Just. « J’en avais ainsi demandé dix en Ile-de-France, on m’en a donné deux. C’est tout simplement ridicule mais l’on va continuer à se battre pour augmenter ce nombre », poursuit-elle.
Soins primaires
Alors que la maquette d’une nouvelle formation transversale en allergologie doit être prochainement publiée, « il va falloir définir les terrains de stage pour ces internes », note la présidente de la SFA qui a récemment appelé dans un livre blanc à faire de l’allergie respiratoire et alimentaire une grande cause nationale. « Dans notre pays, la formation en allergologie n’est pas à la hauteur des enjeux. Il y a une attente des patients avant un diagnostic précis d’allergie estimé à 7 ans alors que l’allergie est la quatrième maladie chronique et la première cause d’absentéisme au travail », résume la co-présidente du CFA qui entend davantage ouvrir le congrès aux soins primaires. « D’abord aux pédiatres cette année puis aux généralistes l’année prochaine », conclut-elle.
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