Derrière l’université de Rome et le département de médecine, il y a deux campements de fortune pour migrants : le centre Baobab qui accueille entre 350 et 700 personnes et le camp installé dans un terrain vague par la Croix Rouge où transitent en moyenne quelque 200 personnes.
Tous proviennent des pays de la corne d’Afrique. Ils ont emprunté la voie libyenne puis ont traversé la Méditerranée à bord de rafiots affrétés par les organisations de passeurs et sont arrivés à Rome. La plupart sont en « transit » et tentent de ne pas se faire identifier pour éviter de tomber dans les filets du protocole de Dublin II qui permet à un état, de rapatrier un migrant dans le premier pays lui ayant accordé asile. « Le centre Baobad peut héberger plus ou moins 180 personnes. Ici, les migrants restent en moyenne moins d’une semaine, le temps d’attendre l’argent que leur envoie la diaspora pour partir en Europe du nord » confie Ahmad Al Roussan, le coordinateur de l’activité mobile de support psychologique d’urgence mise en place par Médecins sans frontières en juillet dernier.
Une unité mobile
Composée en général de trois médiateurs culturels et un psychologue, cette unité mobile tente d’aider les personnes traumatisées à élaborer leurs souffrances. « Nous organisons des séances de débriefing soit individuelles, soit de groupes. Nous essayons de créer des conditions de dialogue, de rétablir la confiance qu’ils ont perdu après ce qu’ils ont vécu. Durant les séances de groupe, certains interagissent, partagent leurs expériences et cela leur permet d’élaborer leur vécu » confie la psychologue Lilian Pizzi. Pour les cas extrêmes, les personnes à risque psychologiquement, l’unité mobile se retourne vers l’INMP, l’institut de veille sanitaire pour les migrants, qui fournit un support médicamenteux.
« Les blessures les plus profondes ne sont pas physiques mais psychologiques » analyse Ahmad Al Roussan. Certains ont subi des violences sexuelles - de cela les hommes ne parlent pas - d’autres ont été torturés en Libye alors qu’ils attendaient de monter à bord des rafiots. « Une jeune fille était tombée enceinte après avoir été violée. Elle n’acceptait pas cette grossesse. Je lui ai expliqué ses droits en Italie. Je crois qu’elle a choisi de se faire avorter », se souvient le coordinateur. Il ajoute que cela fait longtemps qu’il n’a pas parlé avec quelqu’un qui n’a pas vu une personne mourir dans le désert ou à bord des bateaux. Il se dit impressionné par la force intérieure extraordinaire de certains migrants qui, selon lui, deviendront des ressources magnifiques pour les pays qui les accueilleront. « J’ai rencontré un garçon, il avait dû abandonner ses études pour partir. Il était obsédé par le fait qu’il voulait étudier et devenir quelqu’un », confie Ahamad El Roussan.
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