Si dans l'allergie alimentaire retardée, une induction de tolérance orale peut être réalisée en ville lorsque le test d'épreuve d'éviction est efficace et après s'être assuré de l'absence de passage à une forme immédiate.
Le risque est faible : réapparition de troubles digestifs, d'eczéma… Un avis spécialisé en allergologie pourra affiner le diagnostic et préciser un protocole de réintroduction progressive. Il en va tout autrement dans l'allergie IgE médiée, où le risque de réaction sévère n'est pas négligeable. Cette allergie immédiate est caractérisée par un délai rapide (le plus souvent moins de 2 heures, parfois 5 minutes) entre ingestion et symptômes (urticaire, angio-œdème, douleurs abdominales intenses, vomissements, rhino-conjonctivite, bronchospasme, baisse brutale de tonus, malaise…). En ville, en l'absence d'accès facile à un bilan allergologique, la positivité des IgE spécifiques de l'aliment possiblement incriminé confirme le caractère IgE médié de la réaction. Éviction, éducation et prescription d'une trousse d'urgence (antihistaminique, corticoïde, bronchodilatateur et stylo d'adrénaline injectable) sont ici impératives mais l'éviction n'est pas la panacée. « La trousse d'urgence doit être portée en permanence par le patient ayant une allergie alimentaire, comme la ceinture de sécurité en voiture ! Faire attention ne met pas à l'abri des accidents de la faute de l'autre (étiquetage inexistant ou incomplet, réponse erronée à une question sur la composition d'un plat, etc) », insiste le Dr Amandine Divaret-Chauveau, pédiatre allergologue au CHRU de Nancy.
L'induction de tolérance
L'induction de tolérance peut avoir pour but de désensibiliser ou de rendre tolérant. Désensibiliser c'est augmenter le seuil réactogène. Des quantités plus importantes pourront être ingérées sans réaction, à condition que l'aliment soit ensuite consommé quotidiennement ; Rendre tolérant c'est obtenir des modifications immunologiques (baisse des IgE spécifiques) qui permettront l'absence prolongée de réponse à l'aliment même non consommé pendant une semaine. Le patient n'est pas guéri. Toute sa vie, il devra - en traitement d'entretien - consommer l'aliment très régulièrement pour maintenir cette tolérance. Des 3 voies d'induction de tolérance (orale, sublinguale, épicutanée), la voie orale, la plus utilisée est la plus efficace. Cependant l'adhésion peut être freinée par le dégoût de l'aliment et des effets secondaires plus fréquents. Quant aux voies sublinguales et épicutanées, elles ont montré leur capacité à désensibiliser, moins à rendre tolérant. Désensibilisation et tolérance impliquent un travail à long terme et sont d'autant mieux tolérées que débutées tôt.
Discuter les indications
Souhaits, mode de vie, accidents, nombre et type d'aliments incriminés doivent être pris en considération. Dans les allergies IgE médiées au lait de vache, œuf ou blé, l'induction de tolérance peut amener à parler de « guérison » : l'enfant sera ensuite exposé tous les jours à ces aliments de consommation courante ! À l’inverse, l'enfant désensibilisé ou rendu tolérant à l'arachide ou à la noix de cajou peut ensuite ne plus en consommer pendant un long laps de temps (et redevenir allergique). Le Dr Divaret-Chauveau invite à retenir que « Dans l'allergie alimentaire IgE médiée, l'immunothérapie relève d'équipes spécialisées et constitue un traitement d'avenir. Un long chemin reste à parcourir pour obtenir un recul suffisant, des études de grande envergure, une standardisation des protocoles et des recommandations. Cependant il semble important d'informer les patients que des traitements se mettent en place et les inviter à consulter un allergologue pour discuter des possibilités thérapeutiques ».
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique
Recommandations
Antibiothérapies dans les infections pédiatriques courantes (2/2)