« Sur les 21 millions de passages annuels aux urgences, 70 % sont motivés par des douleurs aiguës, qui représentent ainsi le principal motif de recours aux structures d’urgence », rapporte le Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la société française de médecine d’urgence (SFMU), avant de souligner l’importance du service médical rendu par ces structures, qui constituent bien souvent la seule possibilité d’accès rapide aux soins – à côté des appels au SAMU et aux généralistes pour les patients souffrant de ce type de symptôme.
« Le premier rôle d’un médecin, comme cela est bien précisé dans le serment d’Hippocrate, est de soulager les patients, et les structures d’urgence y contribuent fortement », poursuit le médecin.
Ceci est d’autant plus important que les données scientifiques démontrent que laisser un patient souffrir a un impact délétère sur le risque de chronicisation. Agir tôt est un devoir pour soulager efficacement mais permet également d’éviter des conséquences à moyen et long terme, qui sont susceptibles de fortement entraver la vie des personnes.
Le développement de l’analgésie multimodale
« Nous devons donc nous mobiliser pour traiter précocement la douleur, et nous disposons pour cela de tout un arsenal thérapeutique, médicamenteux ou non, rappelle le Dr Agnès Ricard-Hibon. L’analgésie multimodale, domaine dans lequel des équipes françaises sont en pointe, connaît un fort développement ». Elle se fonde sur le recours à des traitements pharmacologiques, administrés classiquement per os et par voie intraveineuse, mais aussi par voie inhalée et dans le cadre d’anesthésies locorégionales. L’organisation des structures d’urgence permet de délivrer tous les types d’antalgiques, y compris ceux de niveau 3, avec une surveillance adaptée. Parallèlement, les approches non pharmacologiques sont aussi de plus en plus souvent utilisées, notamment les techniques de communication positive, de distraction et d’hypnose. Les soignants, en collaboration avec les médecins, sont largement impliqués dans le recours à ces techniques, ce qui permet de soulager plus rapidement le patient.
« L’évaluation de la douleur, par des échelles lorsque cela est possible, est réalisée dès l’arrivée dans la structure. Les soignants sont très bien formés et jouent un rôle majeur dans cette évaluation et dans l’initiation du traitement », note le Dr Ricard-Hibon.
Le frein de la surcharge
« Le principal frein à la prise en charge rapide de la douleur découle de problèmes organisationnels, liés notamment à la gestion du flux de patients et au temps dont les soignants disposent. » La surcharge des urgences est une des limites à l’amélioration de la prise en charge des patients, mais les solutions existent pour y remédier. Pour réduire le délai de traitement de la douleur, il est important de bien repérer les patients qui requièrent une intervention rapide. « La mise en place de protocoles anticipés dès l’accueil est une source de progrès », conclut le Dr Agnès Ricard-Hibon.
D’après un entretien avec le Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la société française de médecine d’urgence (SFMU).
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