Des taux de réussite de 8 % à 21 % selon les facs

Ultrasélective, la première année de médecine se révèle très inégalitaire

Publié le 26/01/2015
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Les études de médecine demeurent soumises à une sélection draconienne. Ainsi, les 58 567 candidats de première année commune aux études de santé (PACES) auront en moyenne 12,8 % de passer en deuxième année de médecine à l’issue de cette année universitaire*. Mais tous les étudiants ne sont pas logés à la même enseigne.

« Le Quotidien » a calculé le taux de réussite en médecine des « P1 » dans chaque faculté (lire ci-contre) en croisant les inscriptions en PACES communiquées par l’AUFEMO et le numerus clausus (7 497) dont un arrêté vient de fixer la répartition par faculté.

Le résultat est sans appel. Le taux d’admission en deuxième année de médecine varie presque du simple au triple entre les UFR. S’ils tentent leur chance dans une ville du nord de la France, les impétrants auront statistiquement beaucoup plus de chance de franchir le cap du concours que leurs homologues du sud.

Le statut particulier de Lille Catho

Avec un étudiant sur cinq reçu en médecine, la plus petite faculté de médecine de France, Lille Catho, demeure celle qui affiche le pourcentage d’admis le plus élevé. Ce résultat s’explique notamment par le fait que Lille Catho est la seule UFR à disposer d’un statut dérogatoire et qu’elle effectue une sélection sur dossier des lycéens en terminale qui souhaitent entrer en PACES.

Plusieurs facultés de la moitié nord du pays offrent à leurs étudiants une chance de réussite supérieure à la moyenne nationale. C’est le cas de Besançon (18,1 %), Brest (16,5 %), Caen (16 %), Rennes (15,7 %), Tours (15,3 %), Reims (14,8 %) ou Dijon (14,6 %).

À l’inverse, il est plus difficile pour les étudiants d’être classés en rang utile à Montpellier (moins de 8 % de reçus en médecine, voir ci-dessous), Marseille (9,5 %), Nice (9,8 %), Toulouse (9,5 %) et Grenoble (10 %) mais aussi pour les Antilles-Guyane (9,6 %) ou la Réunion (8,7 %). Dans ces facs, ces faibles résultats s’expliquent par un numerus clausus particulièrement sévère. Les UFR parisiennes ou de Lyon ont des pourcentages d’admission proches de la moyenne nationale.

 

La PACES en échec ?

Le taux de réussite « réel » en médecine sera un peu plus élevé à l’arrivée. En effet, beaucoup d’étudiants abandonnent la PACES en cours d’année ; ils jettent l’éponge ou se réorientent dès décembre à l’issue de la première session d’examens.

Le Pr Jean-Pierre Vinel, doyen de Toulouse-Purpan et président de la Conférence des doyens, reconnaît que le système de sélection actuel « pose problème vis-à-vis du principe de l’égalité républicaine ». « Dans certaines facultés, on parle de reçus-collés alors que dans d’autres, on parle de collés-reçus... », explique-t-il. Si les notes ne peuvent être comparées d’une fac à une autre, les concours étant spécifiques à chaque UFR, il reste difficile pour les étudiants recalés avec un bon score d’accepter que les candidats d’une autre ville passent en année supérieure avec une note très inférieure.

L’hypothèse d’un concours de première année à l’échelle nationale, certes séduisante sur le papier, est exclue par les doyens car jugée inapplicable. « Il y a huit fois plus de candidats en PACES qu’aux épreuves classantes nationales qui sont déjà difficiles à organiser », souligne le Pr Vinel.

Selon le président des doyens, le numerus clausus actuel n’est plus adapté aux besoins. « Plutôt qu’un barrage fixé sur un nombre de médecins à former, peut-être faudrait-il fixer une sélection par rapport aux capacités de formation des facultés et des notes des candidats ? La PACES a servi à filtrer les étudiants, sans objectifs pédagogiques. Elle n’est plus défendable et doit être réformée. »

* le taux d’admission en 2e année de pharmacie est de 5,3 %. Il est de 2 % en odontologie et de 1,7 % en maïeutique

Christophe Gattuso

Source : Le Quotidien du Médecin: 9381