Traitements aggravant les syndromes d’épuisement et déshydratation, conservation et transport des médicaments, risque de photosensibilisation : les épisodes de forte chaleur, amenés à se répéter plus fréquemment, nécessitent une attention particulière sur le bon usage des médicaments. Dans le cadre du plan national Canicule, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle les « bons réflexes ».
Vigilance sur les traitements altérant l’adaptation de l’organisme à la chaleur
Certains traitements réclament ainsi une vigilance accrue, notamment parce qu’ils ont le potentiel d’altérer l’adaptation de l’organisme à la chaleur. C’est le cas notamment des médicaments diurétiques (en particulier les diurétiques de l’anse comme le furosémide et les diurétiques thiazidiques et distaux au long cours), des médicaments susceptibles d’altérer la fonction rénale comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou, plus généralement, des médicaments connus pour leur néphrotoxicité (par exemple les aminosides, la ciclosporine, le tacrolimus, les produits de contraste iodé…).
D’autres traitements ont un profil cinétique pouvant être affecté par la déshydratation, tels que les sels de lithium, les anti-arythmiques, les anti-épileptiques ou encore les statines. Des médicaments peuvent également empêcher la perte calorique au niveau central (neuroleptiques, médicaments sérotoninergiques) ou au niveau périphérique (médicaments à propriétés atropiniques, vasoconstricteurs, bêtabloquants). D’autres encore peuvent induire une hyperthermie (neuroleptiques, agonistes sérotoninergiques, hormones thyroïdiennes) ou aggraver les effets de la chaleur (antihypertenseurs et anti-angoreux).
De manière générale, « un médicament ne représente pas un risque à lui tout seul, surtout s’il est bien utilisé. D’autres facteurs de risque, comme la maladie ou le grand âge, doivent être pris en considération », insiste l’ANSM.
L’agence recommande par ailleurs de ne pas commencer un traitement sans avis médical, « y compris avec des médicaments délivrés sans ordonnance ». En cas de fièvre, il est notamment conseillé d’éviter la prise de paracétamol, un traitement inefficace pour traiter le coup de chaleur et pouvant entraîner une « possible aggravation de l’atteinte hépatique souvent présente », rappelle l’ANSM.
Par ailleurs, en aucun cas, une diminution ou un arrêt des traitements ne doivent être envisagés de manière systématique. « L’adaptation d’un traitement médicamenteux en cours doit être considérée au cas par cas », insiste l’ANSM. Les professionnels de santé doivent « procéder à une évaluation complète de l’état d’hydratation (clinique, apports hydriques, poids, fréquence cardiaque, tension artérielle, bilan ionogramme complet avec créatininémie et clairance de la créatinine) avant de prendre toute décision thérapeutique ».
Les soignants doivent également éviter la prescription d’AINS en cas de déshydratation et réévaluer l’intérêt de chacun des médicaments et « supprimer tout médicament qui apparaît soit inadapté, soit non indispensable ; en particulier ceux susceptibles d’altérer la fonction rénale », conseille l’ANSM.
Respecter les règles de conservation
En matière de conservation des médicaments, les modalités sont indiquées sur le conditionnement des médicaments. En cas d’exposition à la chaleur (canicule ou transport dans des conditions où la température n’est pas contrôlée ou maîtrisée), les médicaments à conserver entre 2 et 8 °C peuvent être utilisés « sans conséquence sur leur stabilité s’ils sont utilisés assez rapidement une fois sortis du réfrigérateur », les épreuves de stabilité démontrant l’absence de dégradation après exposition de plusieurs semaines à une température constante de 40 °C.
De même, pour ceux qui se conservent à une température inférieure à 25 ou à 30 °C, « le dépassement ponctuel, de quelques jours à quelques semaines, de ces températures n’a pas de conséquence sur la stabilité ou la qualité de ces médicaments », poursuit l’ANSM. Pour les formes pharmaceutiques sensibles à la chaleur (suppositoires, ovules, crèmes…), « l’aspect du produit à l’ouverture permet de juger relativement facilement du maintien de la qualité après exposition à la chaleur », est-il souligné.
Certains dispositifs médicaux réclament aussi une attention particulière. C’est surtout le cas des lecteurs de glycémie, dont le fonctionnement peut être altéré par l’exposition des bandelettes (ou électrodes), des solutions de contrôle et des lecteurs de glycémie au soleil, à des températures élevées, à de fortes variations de températures ou à une atmosphère humide. En cas de résultat inhabituel, il est conseillé aux patients de contacter un professionnel de santé pour envisager une modification du traitement.
Enfin, le risque de photosensibilisation doit être considéré. En cas d’apparition d’une réaction cutanée (rougeur, démangeaison…), le traitement doit être interrompu immédiatement, cet arrêt devant être suivi d’une consultation chez un médecin.
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