« Nous appelons le gouvernement à résister à la pression de certains lobbies agricoles et agroalimentaires et à suivre les recommandations partagées par les scientifiques et la société civile. » Soixante-dix organisations dont plusieurs liées à la santé publient ce 15 mai une lettre ouverte adressée à Élisabeth Borne pour réclamer une stratégie nationale pour l'alimentation favorable à la santé publique et à l'environnement.
En vertu de la loi Climat et résilience, adoptée en 2021, une « stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat » (SNANC) doit être élaborée d'ici au 1er juillet 2023 - calendrier qui risque de n'être pas respecté, de l'avis des observateurs. L'enjeu : sortir des fonctionnements en silo et embrasser alimentation, environnement et santé dans une même politique publique à l'horizon 2030. Selon le ministère de l'Agriculture, cette stratégie devra notamment « déterminer les orientations de la politique de l'alimentation durable, moins émettrice de gaz à effet de serre, respectueuse de la santé humaine, davantage protectrice de la biodiversité (...) ».
Contraintes et objectifs ambitieux
« Notre alimentation joue un rôle majeur dans le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité et l’explosion des maladies chroniques non transmissibles (diabète, obésité, cancers, etc.) qui frappent en premier lieu les personnes les plus précaires, tandis qu’on estime qu’au moins 8 millions de personnes sont aujourd’hui en situation d'insécurité alimentaire en France », rappellent les signataires, dont Action contre la faim, la Ligue contre le cancer et celle contre l'obésité, Addictions France et Fédération Addiction, Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP), Association Santé Environnement France (ASEF), Jeunes Médecins, ou encore la Société française de santé publique (SFSP) et la Société française du cancer.
La première revendication est de fixer des objectifs ambitieux et précis, concernant la hausse de la consommation de fruits et légumes frais, de légumineuses, de céréales complètes et de fruits à coque, de produits issus de l’agroécologie, mais aussi la baisse de la consommation de produits trop gras, trop sucrés et trop salés, de produits ultra-transformés et de viande (volaille incluse) et de produits laitiers, surtout issus de l’élevage intensif.
Programmer des mesures contraignantes
La stratégie doit aussi programmer des mesures contraignantes (et non seulement laissées à l'appréciation du bon vouloir des industriels), avec en priorité : l’interdiction de la publicité pour les produits nocifs pour la santé et pour la planète, l’obligation du Nutri-Score, l’encadrement des marges de la grande distribution et la mise en place d’un étiquetage environnemental indiquant également le mode d’élevage. Les signataires demandent aussi plus de moyens pour la formation des professionnels de santé, l'éducation, et la sensibilisation de la population à l'alimentation saine et durable. Enfin, ils appellent à soutenir le secteur de la restauration collective et les agriculteurs et à « donner le pouvoir d’agir aux populations les plus précaires socialement ».
De leur côté, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), l’Association nationale de l’industrie agroalimentaire (ANIA), ou encore La Coopération agricole (LCA) s'opposent à toute réglementation du marketing et de la publicité des produits défavorables à une alimentation équilibrée et saine. Et soutiennent une proposition de loi portée par les LR et les centristes et examinée demain au Sénat « en faveur de la ferme France », qui permettrait au ministre de l'Agriculture de suspendre une décision de l'Agence française de sécurité sanitaire alimentaire (Anses), pourtant indépendante, d'interdire certains produits phytosanitaires.
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