À l'aube de l'élection présidentielle, les associations de patients allergiques et les principaux syndicats d’allergologues français ont élaboré un plan, avec sept thématiques phares pour enrayer la progression des maladies allergiques et adapter le système de santé aux défis à venir.
En France, 30 % des individus nés après 1980 sont allergiques. D'ici à 20 ans, près d'un Français sur deux sera dans cette situation. Or, avec un praticien pour 66 000 habitants, la démographie médicale des allergologues n’est plus en adéquation avec les besoins croissants de la population. Les déserts médicaux sont nombreux. Par ailleurs, un tiers des allergologues part prochainement à la retraite. « Les patients envahissent les cabinets de médecins libéraux (ORL, pédiatres, généralistes, allergologues…) et les hôpitaux. Il va falloir s'organiser, développer un plan pour s'occuper de ces maladies fréquentes, pas assez reconnues par les pouvoirs publics », souligne le Pr Frédéric de Blay, président de la Fédération française d'allergologie (FFAL).
Face à ce constat, un collectif d'associations* propose un plan quinquennal de lutte contre les allergies 2022-2027. « Les allergies graves ne cessent d'augmenter et les enfants sont de plus en plus touchés. Il faut adopter une démarche préventive prenant en compte l'évolution de l'environnement et des conduites de la population. Notre plan s'adresse au gouvernement, mais aussi aux élus locaux et aux chefs d'entreprise », indique le Pr de Blay.
Télémédecine et téléexpertise
Ce plan quinquennal se décline selon sept axes d'amélioration. D'après le collectif, la prise en charge des patients devrait être plus rapide. Cela nécessite d'améliorer la coordination des professionnels de santé et l'organisation des soins. Mais aussi de prendre appui sur le « virage numérique ». « La coordination des soins à travers tout le pays pourra être renforcée grâce à la consolidation du maillage territorial et à une meilleure utilisation des outils numériques tels que la télémédecine et la téléexpertise », précise Christine Rolland, directrice de l’association Asthme & Allergies.
Les traitements adaptés pour les allergiques sévères doivent également être mis à disposition des patients. « L’immunothérapie allergénique (ITA) est aujourd’hui le seul traitement qui soigne véritablement la cause de l’allergie, et non les symptômes, assure le Pr de Blay. C’est un outil essentiel de l’arsenal diagnostique et thérapeutique des allergologues, reconnu par les standards internationaux de prise en charge et qui reste trop peu valorisé en France. » Par ailleurs, les allergies alimentaires constituent, selon le collectif, une « urgence de santé publique ».
Décloisonner la santé environnementale
L'information du grand public sur le risque allergique, notamment en milieu scolaire et professionnel, mériterait d'être renforcée. De façon plus générale, la place accordée aux enjeux de santé environnementale dans la définition des politiques et plans de santé publique devrait être consolidée. Le collectif appelle ainsi à accorder une place plus importante à la prévention et à privilégier une « approche décloisonnée », permettant d’appréhender toutes les dimensions de la santé environnementale. Il propose notamment de créer une délégation interministérielle à la santé environnementale, chargée de coordonner des plans d’action nationaux en concertation avec les ministères concernés.
Enfin, le collectif souhaite créer un observatoire de la lutte contre les allergies en France pour mesurer les progrès accomplis au cours des cinq prochaines années. Cet observatoire public serait copiloté par des représentants des ministères concernés par la prise en charge des allergies (Santé, Transition écologique, Éducation nationale…) et par un conseil scientifique composé des représentants des sociétés savantes, syndicats et associations de patients référents en allergologie.
*Le collectif est composé de l'Association française pour la prévention des allergies (Afpral), de l'Association des jeunes allergologues de France (Ajaf), de l'Association nationale de formation continue en allergologie (Anaforcal), de l'association Asthme & Allergies, du Conseil national professionnel d’allergologie (CNPA), de la Fédération française d’allergologie (FFAL), de la Société française d’allergologie (SFA) et du Syndicat français des allergologues (Syfal). Avec le soutien institutionnel d’ALK.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce