LA MATINÉE débute dans une salle de réunion. Alain Sutter, en charge des coopérations internationales à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), décrit les restructurations à l’œuvre dans sa grande maison. Directoire, conseil de surveillance, regroupements hospitaliers : tout y passe, power-point à l’appui. Une interprète assure la traduction pour la dizaine de Russes présents, des médecins occupant différents postes : directeur d’hôpital (médecin en chef, dit-on en Russie), élu local, ministre ou vice-ministre de la Santé en région. « À votre avis, quelle est la taille optimale d’un hôpital ? », questionne l’un d’eux. « 400 à 500 lits par site, répond Alain Sutter. C’est vraiment un débat ici. »
L’AP-HP, premier hôpital d’Europe, impressionne par ses dimensions. Par ses effectifs en personnel, aussi. Les Russes s’étonnent de l’abondance de blouses blanches croisées la veille dans les couloirs de l’HEGP. À présent, ils partent visiter les urgences de Necker. Le Dr Gérard Cheron, chef du service, insiste sur la durée des études médicales (11 ans pour devenir pédiatre, alors qu’un spécialiste russe étudie entre 7 et 9 années). « Seuls 7 % des enfants passant aux urgences sont hospitalisés », précise-t-il. Les Russes, en retard sur l’informatisation du dossier patient, s’attardent sur un écran d’ordinateur. Dans l’unité d’hospitalisation de courte durée, ils s’étonnent de l’absence de purificateur d’air dans les chambres. Le chef du service leur répond qu’il ne s’agit pas d’une unité infectieuse. L’hygiène semble être une préoccupation de premier plan. Egor Kortchaguine explique que les hôpitaux russes utilisent des lampes bactéricides dans les blocs, les couloirs, les salles. « Peut-être que c’est fiable, mais pas plus efficace que la bonne ventilation et le lavage des mains des personnels », dit-il.
Démographie et territoires : une autre échelle.
La faible durée moyenne de séjour affiché par la France impressionne le petit groupe. En Russie, la DMS est de 12,8 jours ; la cœliochirurgie y est peu développée. L’étape dans l’unité des bébés bulles marque les esprits. « 70 % des enfants guérissent », précise le Pr Alain Fischer. « Nous sommes très impressionnés par les performances de ce service », commente le Dr Valentina Ivanova, qui dirige un hôpital pédiatrique à Tcherepovets. Sa région, Vologda, compte 1,2 million d’habitants répartis sur un territoire grand comme le quart de la France. Très exactement 3 844 médecins se partagent cette immensité, la pénurie est sévère. Dans la région de Krasnoïarsk (3 millions d’habitants, 12 000 médecins, et trois fois la superficie de la France), en Sibérie, il faut faire 3 heures d’hélicoptère pour atteindre certains villages reculés. L’expérience française de la télémédecine intéresse les Russes. La gestion des hôpitaux également. La région de Vologda songe d’ailleurs à créer un équivalent de l’école de Rennes, l’EHESP. Alexandre Kolinko, ministre de la Santé à Vologda, résume. « Deux axes de coopération nous paraissent pertinents : la formation des cadres gestionnaires, et certaines technologies médicales, notamment les transplantations, la neurochirurgie et les maladies rares. » La France devrait également être sollicitée pour le développement des soins primaires et l’évaluation de la qualité des soins en Russie, qui n’a ni Haute Autorité de Santé (HAS), ni agence de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS).
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