Des scénarios qui ont provoqué des changements de politiques
- Fin janvier, le Pr Gabriel Leung (Université de Hong Kong) alerte sur le développement exponentiel du SARS-CoV-2 à travers toute la Chine.
Alors que les chiffres officiels font état d'à peine 4 000 cas chinois, le Pr Leung considère, dans un article publié le 31 janvier dans « The Lancet », que plus de 75 000 individus ont été atteints à Wuhan, au 25 janvier 2020, et que le nombre d'infections double tous les six jours.
Puis le 11 février, le Pr Leung estime dans « The Guardian », courbes à l'appui, que le nouveau coronavirus pourrait toucher 60 % de la population mondiale, si aucune mesure d'endiguement n'est prise. L'Organisation mondiale de la santé, dont il est l'un des conseillers, évoque alors une « menace très grave » pour le monde, et non seulement pour la Chine où se concentrent encore 99 % des cas.
- Les équipes de l'Imperial College ont produit en mars plusieurs rapports sur l'impact des interventions non médicamenteuses sur la mortalité liée au Covid-19 et la demande en soins. Ces prédictions inquiétantes ont conduit des pays comme la France ou la Grande-Bretagne à mettre en place une politique de confinement strict.
C'est sur la base d'une « communication personnelle de Neil Ferguson » que le Conseil scientifique français conseille au gouvernement la fermeture des crèches et des écoles le 12 mars. Selon « Le Monde », l'épidémiologiste estime entre 300 000 et 500 000 le nombre de morts liés au Covid-19 en l'absence de toute mesure de prévention et d'endiguement. Il évalue entre 30 000 et 100 000 le nombre de lits de soins intensifs nécessaires au plus fort de l'épidémie.
Quant aux pays anglo-saxons, l'équipe britannique considère, dans un document publié le 16 mars, que sans un confinement strict, l'augmentation des cas excéderait jusqu’à huit fois les capacités en lits des hôpitaux, dans le scénario le plus optimiste. Même si l’ensemble des patients pouvait être pris en charge, il y aurait encore 250 000 morts au Royaume-Uni et jusqu’à 1,2 million aux États-Unis.
- Début février 2020, l'équipe de l'Inserm dirigée par Vittoria Colizza évalue le risque d'introduction du Covid-19 en Afrique à partir des données du trafic aérien depuis les provinces infectées de la Chine. Selon l'étude publiée dans « The Lancet », les pays à haut risque d'importation sont l'Égypte, l'Algérie, l'Afrique du Sud et posséderaient une bonne capacité de riposte. En revanche, les pays à risque d'importation modéré (Nigeria, Éthiopie, Soudan, Angola, Tanzanie, Ghana, Kenya) seraient beaucoup plus vulnérables. C'est de fait en Égypte que sont apparus les premiers cas de Covid-19.
Des scénarios démentis par la réalité
- L'Imperial College calcule que si la Suède reste sur des modalités relâchées de confinement, le pays aurait à déplorer 40 000 décès au 1er mai et 100 000 en juin. Début juin, le nombre de décès s'élevait à environ 4 500. « L’épidémie a clairement ralenti sa propagation grâce à l’instauration d’une distance sociale volontaire. Et nous pensons que c’est ce qui a conduit le taux de reproduction à passer d’environ 3, à 1,5 ou 1,4 », s'est justifié Neil Ferguson.
- Le 24 janvier, l'équipe de Vittoria Colizza propose une modélisation du risque d'importation de l'épidémie en Europe, à partir des données des flux aériens en provenance des provinces chinoises déclarant plus de dix cas. Les chercheurs élaborent deux scénarios : dans le plus optimiste, le risque qu'au moins un cas de Covid-19 soit importé en Europe est de 33 %, et dans le plus pessimiste, de 70 %. Les chercheurs identifient le Royaume-Uni (9 à 24 % de risque qu'un passager infecté arrive sur l'île, selon les scénarios) et l’Allemagne (8 à 21 %) comme les plus exposés. La France arriverait en troisième position (5 à 13 %) devant l'Italie et l'Espagne.
« Nos résultats ne sont pas des prédictions, ils permettent simplement d’identifier là où se situe le risque et là où il faut déployer des moyens de surveillance et de prévention accrus », mettait en garde Vittoria Colizza.
- Hors Covid, en septembre 2014, les CDC d'Atlanta calculent qu'entre 550 000 à 1,4 million de personnes pourraient être atteintes d'Ebola au Liberia et en Sierra Léone d'ici la fin janvier 2015, dans un scénario où aucune mesure ne serait prise pour endiguer l'épidémie. Or on considère que l'épidémie d'Ebola de 2014 a provoqué 11 000 décès en Afrique de l'Ouest.
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