Malgré des progrès, la persistance en France d’inégalités sociales et territoriales « empêche un trop grand nombre d'enfants d'avoir accès à l'école, aux services de santé ou de protection », déplore Unicef France, dans un communiqué publié le 20 novembre, à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant.
Avant un document final qui sera remis au Comité des droits de l'enfant de l'ONU le 15 décembre prochain, la délégation française publie un aperçu de la situation en France depuis la précédente évaluation en 2016.
« Le contexte actuel d’accumulation des crises (suites de la pandémie, crise environnementale…) a de lourdes répercussions sur les enfants et les adolescents, en France et dans le monde. Or, ce sont les enfants les plus vulnérables, qu’ils soient en situation de grande précarité, de migration, de handicap, souvent sans voix, qui sont généralement les plus durement affectés. C’est pour cette raison qu’une vigilance et un soutien tout particulier doivent leur être accordés », souligne Adeline Hazan, présidente d’Unicef France.
La France a accompli quelques progrès, avec une amélioration de son cadre législatif (loi du 7 février 2022 pour la protection des enfants) ou le développement de politiques publiques et de stratégies ciblées, reconnaît le rapport. Mais, des manquements « inacceptables » persistent, notamment en matière de protection et de santé.
Des inégalités d’accès à la santé des enfants « mal documentées »
« Les enfants les plus vulnérables, qu'ils soient en situation de grande pauvreté, de handicap, victimes de violences, confiés à des institutions, enfermés ou détenus, ou en situation de migration, peinent à voir leurs droits les plus élémentaires garantis », est-il rappelé.
Les difficultés d’accès aux droits concernent la santé. Dans les PMI, « 270 ETP de médecins ont été perdus entre 2016 et 2019, soit une baisse annuelle moyenne de près de 5 % », est-il relevé. En conséquence, le nombre de consultations infantiles dans les PMI a baissé de 4,5 % en moyenne chaque année entre 2016 et 2019. « Faute de moyens, les équipes de PMI se concentrent sur la période périnatale et les deux premières années de la vie de l’enfant », souligne Unicef, pointant également de « fortes disparités territoriales », alors que les dépenses annuelles par habitant de 0 à 6 ans variaient en 2019 de moins d’un euro à plus de 300 euros selon les départements.
Plus globalement, les inégalités d’accès à la santé des enfants sont « mal documentées », est-il déploré. Et les dispositifs de prévention comme la médecine scolaire « ne bénéficient pas de ressources à la hauteur des enjeux », poursuit le rapport.
Inquiétude sur la prise en charge en santé mentale
Concernant la santé mentale, entre 200 000 et 400 000 enfants auraient des besoins de soins, est-il estimé. Un tiers des 6-18 ans déclarent souffrir de troubles psychologiques, particulièrement les plus vulnérables, et un jeune sur 4 se déclare déprimé ou désintéressé, ajoute Unicef. La pandémie a également eu un impact : les passages aux urgences pour geste suicidaire ont augmenté de 52 % chez les 11-14 ans par rapport à la période prépandémique.
Malgré les besoins, « il faut attendre six mois à un an et demi pour avoir un rendez-vous dans un centre médico-psychologique », avec des conséquences « parfois dramatiques, conduisant à hospitaliser des enfants ou des adolescents », interpelle Adeline Hazan, dans une interview au « JDD ».
Le rapport dénonce aussi le « recours à des pratiques contraires aux principes de la Convention internationale des droits de l'enfant », comme le non-rapatriement de tous les enfants retenus en Syrie ou l'enfermement administratif des enfants lorsque les familles en situation irrégulière vont être expulsées. Depuis 2012, pas moins de 33 786 enfants ont été placés en rétention, « dont l'immense majorité à Mayotte et 1 460 en métropole », est-il indiqué, alors que ce procédé doit être « interdit », juge Adeline Hazan dans le « JDD ».
« La situation est inquiétante, même si des progrès ont été réalisés. Les mineurs ne sont pas suffisamment protégés en France, ils ne peuvent pas suffisamment vivre leur vie d'enfant », résume-t-elle auprès de l’AFP.
Le rapport salue le développement récent de politiques publiques ciblées sur les enfants, comme le plan de lutte contre les violences faites aux enfants de 2019 ou les mesures d'accompagnement de la politique des 1 000 premiers jours de l'enfant. Mais, ces politiques « nombreuses » restent « très éparses, ce qui nuit à leur lisibilité, à leur efficacité et à leur visibilité », tance Unicef, appelant à une « stratégie nationale ambitieuse » via la création d’un ministère dédié à l’enfance chargé d’apporter une « vision globale et transversale » afin de « renforcer la visibilité et la cohérence » des politiques publiques.
Le document plaide également pour le lancement d’une mission interministérielle sur les outre-mer, sachant que le taux de pauvreté des enfants, en augmentation entre 2008 et 2018 en France, est particulièrement préoccupant dans ces territoires (8 enfants pauvres sur 10 à Mayotte et 6 sur 10 en Guyane).
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