Alors que la plupart des mesures de lutte contre le Covid-19 sont levées ce 14 mars, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé dans une interview au « Parisien », le 12 mars, l’ouverture « dès à présent (de) la quatrième dose aux plus de 80 ans ayant reçu leur dose de rappel depuis plus de trois mois, qui sont confrontés à une perte progressive de leur immunité ».
Jean Castex recommande par ailleurs « fortement aux personnes fragiles du fait de leur âge ou de leurs pathologies de maintenir le port du masque dans les lieux clos et dans les grands rassemblements ». Car, l’annonce de la levée du passe vaccinal et de l’obligation du port du masque (à l’exception des transports publics et des établissements de santé) était intervenue début mars, alors que la 5e vague de l’épidémie de Covid-19 connaissait un net reflux. Mais ces derniers jours, un « rebond » est observé.
Un rebond notamment porté par BA.2
« Il faut encore attendre un petit peu pour voir si cette tendance se confirme mais effectivement au niveau de l'Europe, on voit la même chose », a souligné le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’ANRS-MIE et membre du Conseil scientifique, le 13 mars sur « France Inter ». « Trois raisons » peuvent expliquer cette reprise, selon lui : la présence du sous-variant BA2, « un peu plus transmissible », la « réouverture des écoles » après les vacances et « probablement un relâchement de la population, qui est assez normal ».
Selon Santé publique France, les contaminations sont reparties à la hausse. La moyenne des sept derniers jours était le 13 mars de plus de 65 250 nouveaux cas, contre 50 646 une semaine auparavant. Pour l'heure, ce rebond n’a pas de répercussions sur les services de soins critiques, dont le nombre de lits occupés connaît même une légère baisse avec 1 857 patients le 12 mars, contre 2 075 il y a une semaine. Côté hospitalisations, les admissions sont en recul avec 20 860 personnes toujours hospitalisées, soit 1 336 de moins qu'il y a une semaine.
« Le conseil scientifique, que j’ai sollicité, nous dit que c’est surtout le sous-variant BA.2 qui est à l’origine de ce rebond » épidémique, a indiqué Jean Castex. « Il est plus transmissible que l’Omicron initial, mais il ne semble pas plus dangereux », a-t-il expliqué, relevant que « la pression hospitalière, qui reste notre juge de paix, continue de baisser ».
La durée de l'immunité reste l'inconnue
Plusieurs scénarios pour les prochaines semaines sont établis par les dernières modélisations de l’Institut Pasteur, publiées le 10 mars. Selon le plus pessimiste, le relâchement des mesures de contrôle, qui a pu être anticipé en pratique, entraînerait des taux de transmission de 50 % à 130 % supérieurs aux niveaux observés en janvier-février.
Le pic des cas, qui pourrait dépasser 100 000 par jour en mars, resterait « très inférieur au pic de janvier », rassurent les auteurs, soulignant que leur modélisation ne prend pas en compte le déclin progressif de l’immunité, dont celle, encore mal connue, conférée par une infection avec Omicron, « ce qui pourrait rendre nos projections trop optimistes ».
« L'épidémie n'est pas finie », a commenté ce 14 mars sur « RTL », le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique. Anticipant dans les jours qui viennent, « un retentissement hospitalier et quelques nouvelles hospitalisations » suite à la hausse des contaminations, il estime que la situation est « maîtrisable », grâce notamment à la vaccination et « parce que nous avons une série d'outils médicaux à notre disposition ». « On est rentré dans une gestion plus médicale de la crise. On sait qu'il y a des personnes plus fragiles et on peut prévenir la survenue de formes sévères. Il y a la possibilité d'être traité dès le début par des nouveaux médicaments », rappelle-t-il.
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