LA CROISSANCE FRANçAISE pourrait être négative de un à deux points du PIB en 2009 et le chômage pourrait atteindre le niveau des 10 %. De sorte que tout le travail qui a été accompli depuis des années pour faire reculer le chômage, devenu structurel dans notre pays, risque d’être anéanti. La France est pourtant l’un des pays qui résistent le mieux à la crise, en partie grâce à ses vices structurels : le filet social, naguère traîné comme un boulet par l’économie française, permet de contenir les dégâts causés au niveau de vie ; l’endettement, combattu de tout temps comme un tare originelle, devient le seul remède contre la crise et acquiert presque un peu de vertu ; notre faible compétitivité à l’exportation a assis notre économie sur la consommation intérieure, ce qui devient un avantage dans le cas d’une reprise.
Je suis en colère.
D’autres pays européens ne peuvent en dire autant. L’Allemagne, championne mondiale des exportations, est frappée de plein fouet par le gel des échanges extérieurs ; l’Espagne, modèle de développement il y a peu, sombre dans une récession terrible, avec un million de logements neufs et vides, une croissance exponentielle du chômage, une forte exposition aux prêts dangereux. L’Irlande est passée du jour au lendemain de machine économique à pays sinistré , le Royaume-Uni, Amérique bis, vient de rechuter avec le scandale de Royal Bank of Scotland, engagée jusqu’aux yeux dans les subprimes, ce qui a contraint le Premier ministre Gordon Brown (qui déclare : « Je suis en colère ») à mettre encore 50 milliards de livres au pot.
En France, en revanche, les pertes provoquées par la chute du fonds de Bernard Madoff sont limitées. Tout le monde interpelle le gouvernement en lui demandant de procéder à un deuxième plan de relance, mais Nicolas Sarkozy n’a pas tort de dire qu’il faut d’abord absorber les effets du premier plan et se livrer à une évaluation. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel ne voulait pas entendre parler d’une relance, la voilà qui injecte une somme énorme dans l’économie d’outre-Rhin.
Dans la lutte contre la crise mondiale, il y a eu des hésitations et des erreurs. L’administration américaine a eu tort d’abandonner Lehman Brothers à son sort, le système bancaire ne s’en est pas remis ; le gouvernement allemand, à la fin de l’année dernière, n’a pas pris la mesure exacte de la crise et a raisonné de manière dogmatique en s’en remettant aux vertueux critères de Maastricht ; des pays beaucoup plus fragiles, comme la Grèce, qui se relève à peine d’un conflit à la mai 68, sont désormais évalués plus sévèrement par les agences de notation, ce qui aggrave le poids de leur endettement et de leurs nouveaux emprunts. Pour la Grèce, l’euro devient un fardeau, c’est une monnaie trop forte pour un pays dont la seule issue serait une dévaluation. Dans la zone euro, les économies faibles, par exemple celle des États baltes, ne peuvent plus suivre. On se demande donc si la zone euro ne va pas éclater ou s’il ne serait pas plus sage (pour autant que ce soit possible) de procéder à une dévaluation compétitive de la monnaie unique.
Perte de confiance.
Les conséquences philosophiques de la crise sont immenses, en ce sens qu’elles remettent en question tout un modèle qui s’est révélé extraordinairement dangereux. On ne jure plus que par John Maynard Keynes après deux décennies de croissance presque ininterrompue fondée sur l’endettement, lequel peut être successivement la meilleure et la pire des choses, et nous sommes dans la phase du pire. On n’a pas trouvé d’autre remède à une crise sans précédent que l’aggravation de la dette, un peu comme si on luttait contre une épidémie avec un vaccin contenant la toxine qui tue. Les lendemains de cette bataille planétaire et longue risquent d’être sinistres si l’on songe à la montagne de dettes que nous découvrirons lorsque le calme sera revenu.
En même temps, la perte de confiance devient abyssale. Les prévisions de redressement ne cessent de reculer ; ce devait être à la mi-2009, puis à la fin de 2009, puis à la fin de 2010. Les prix Nobel d’économie ne convainquent personne, révisent leurs jugements antérieurs et se font encore plus pessimistes pour être sûrs de ne pas se tromper. Les marchés souffrent, encaissent l’un après l’autre, le choc des banques, le choc de l’automobile, le choc du chômage (qui devient angoissant aux États-Unis, tant il progresse vite). La guerre de Gaza nous a distrait négativement, le sacre d’OIbama nous a distrait positivement. Mais le fond de l’affaire, c’est la crise.
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