Un patient hospitalisé sur vingt, soit 5 %, a contracté au moins une infection nosocomiale (IN), selon l'enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissement de santé (ENP) pour 2017.
Coordonnée par Santé publique France en partenariat, cette enquête, la sixième depuis 1990, a été réalisée entre le 15 mai et le 30 juin 2017 auprès de 403 établissements de santé, et près de 81 000 patients.
Stabilisation de la prévalence, et différences selon les services
La prévalence des patients infectés (4,98 %) et celle des infections nosocomiales (5,21 %) - un patient peut avoir plusieurs infections - reste stable, similaire à celle de 2012, après une baisse de 10 % entre 2006 et 2012. Patients vieillissants ? Seuil plancher atteint ? Les responsables de Santé publique France n'identifient pas de cause unique. « La France se situe dans la fourchette basse au sein de l'Europe », qui va de 3,5 % à 16,8 %, souligne le Dr Bruno Coignard, directeur de la direction Maladies infectieuses de SPF.
Les services de réanimation sont particulièrement touchés (avec une prévalence de 24 %), contrairement aux services de psychiatrie (1 %) ou d'obstétrique (0,75 %). À noter, la prévalence des IN a augmenté ces cinq dernières années dans les services de chirurgie (de + 35 %) et de court séjour (+ 12 %).
Les infections après chirurgie (infection du site opératoire, en particulier les ISO liées à une incision profonde et au niveau de l'organe, comme pour une prothèse du genou ou une chirurgie des varices), dont la part est passée de 13,5 % à 16 %, représentent le deuxième type d'IN les plus fréquentes, derrière les infections urinaires (28 %), et devant les pneumonies (15,5 %) et les bactériémies. Au-delà de l'âge, le tabagisme, l'obésité, l'hypertension artérielle ou le diabète sont des facteurs de risques significatifs en chirurgie.
Les deux bactéries Escherichia coli (impliquée dans 24 % des IN) et le staphylocoque doré (14 %) restent les plus courantes, quoiqu’en légère diminution. La proportion des staphylocoques dorés résistant à la méticilline (SARM) continue à baisser depuis 2001 (de 38 % en 2012, à 27 % en 2017), se félicite la Dr Anne Berger-Carbonne, responsable de l’unité Infections associées aux soins et Résistance aux antibiotiques de SPF. La prévalence des patients infectés par un SARM baisse, elle, de 7,5 %. Enterococcus fæcalis est responsable de 6,5 % des IN (au troisième rang vs le cinquième en 2012).
Légèrement moins d'antibiotiques
La prévalence des patients traités par antibiotiques (15,12 %) a légèrement baissé (de 1,3 %) ces cinq dernières années. Cette baisse s'élève à - 2,6 % entre 2009 et 2016 - ce qui reste en deçà de l'objectif de diminution de 25 % du plan Antibiotiques 2011-2016. Plus d'un traitement sur deux est prescrit pour des infections communautaires. Encore une fois, l'on observe une disparité entre les services (50 % des patients sous antibios en réa vs 6 % en obstétrique, 8 % en SSR, 3,5 % en SLD) et les types d'établissements (les CHU et les hôpitaux d'instruction des armées sont plus consommateurs que les hôpitaux psychiatriques).
Vers une surveillance des infections élargie
« Il faut poursuivre les actions de prévention des infections associées aux soins en les ciblant sur les infections les plus fréquentes et/ou les plus graves, et les actions en faveur du bon usage des antiobiotiques », résume la Dr Berger-Carbonne. Pour rappel, on estime que les IN sont responsables d'environ 4 200 décès par an.
Pour ce faire, les missions des 17 centres d'appui pour la prévention des infections associées aux soins (CPias, fusion des CClin et Arlin) ont été redéfinies. La surveillance de la résistance aux antibiotiques et des IAS s'étendra aussi à la ville et au secteur médico-social, et plus seulement aux hôpitaux ; elle portera sur le risque infectieux lié aux actes de chirurgie et de médecine interventionnelle, mais aussi lié aux dispositifs invasifs (cathéter) hors des secteurs spécifiques.
Enfin, les CPias sont chargés de développer des outils de prévention et de formation ; une mission dont s'acquittera le centre Nouvelle-Aquitaine associé au CPias de Guadeloupe, en s'appuyant sur des théories psychosociales du changement de comportement et des serious games, pour endiguer les contre-vérités (ou fake news) qui circulent autour des solutions hydroalcooliques utilisées pour l'hygiène des mains, a indiqué le Dr Pierre Parneix, responsable du CPIAS du sud-ouest.
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