La chute est forte : plébiscité par les médecins, notamment les libéraux, lors de l’élection présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy, deux ans après ce scrutin, fait l’objet de critiques très dures de la part des mêmes, qui il n’y a pas si longtemps l’encensaient. 70 % des médecins libéraux affirmaient en février 2007 qu’ils allaient voter pour lui ; un peu plus de deux ans plus tard, (voir le Quotidien du 6 mars 2009), ils étaient encore 70 % mais à penser alors que la politique de santé et de protection sociale, menée par le Chef de l’État et le gouvernement était mauvaise.
Sans doute, les retombées de loi Hôpital, patients santé et territoires (HPST) ne sont-elles pas étrangères à la dégradation de la côte de popularité de Nicolas Sarkozy, notamment chez les hospitaliers. Mais les conseillers du chef de l’État auraient tort de se contenter de cette explication. Le Président déçoit le monde libéral. Il est ainsi patent que sondage après sondage, la cote du président s’effrondre chez les médecins de ville alors qu’ils comptaient parmi ses plus fervents supporters.
Beaucoup se rappellent ainsi que le candidat Nicolas Sarkozy ( voir le Quotidien du 9 février 2007) dans l’interview publiée dans nos colonnes, avait assuré qu’il voulait faire appliquer le C à 23 euros le plus rapidement possible - on est loin du compte - et qu’il n’était pas hostile à des espaces de liberté tarifaires sous certaines conditions. Dans la même veine, certains se rappelleront aussi qu’il s’était engagé à améliorer les conditions d’exercice de la médecine libérale et à bannir tout recours à une maîtrise budgétaire et comptable. Certains ne sont pas persuadés que ces promesses figurent toujours en bonne place dans le programme du parti présidentiel et mettent en avant certaines décisions comme la baisse de certains tarifs, l’obligation de rédiger un devis pour certains actes ou certaines investigations ou encore la mise en place du Contrat d’amélioration des pratiques individuelles (CAPI) dans lequel beaucoup voient le mise en place d’un système purement comptable qui lie la rémunération d’un médecin au respect de certaines contraintes économiques.
Le financement de la protection sociale
Enfin les médecins ne sont pas entièrement rassurés sur les intentions du gouvernement et du président concernant la liberté d’installation, même si la ministre de la santé, lors du débat du projet HPST à l’Assemblée a vigoureusement défendu ce principe. Mais les médecins se souviennent encore du discours présidentiel de septembre 2007, devant les journalistes de l’information sociale, dans lequel le Chef de l’Etat évoquait ni plus ni moins que la possibilité de limiter l’installation de nouveaux médecins dans des zones déjà bien dotées. Le tollé qui avait accueilli cette déclaration a fait que le gouvernement a rapidement rectifié le tir. Reste que les médecins libéraux n’ont pas totalement oublié cet épisode.
La réforme HPST dont l’examen va commencer dans quelques jours au Sénat marquera sans doute une date essentielle dans le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Du mois le président l’espère-t-il. Reste que l’opposition du monde hospitalier, de l’aide soignante au médecin, au chef de service, on l’a encore vu récemment, est forte. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le Président et ses conseillers qui cherchent à calmer, sans grand succès jusqu’alors, cette colère.
Enfin, on attend toujours que débute le débat non moins important de la réforme du financement de la protection sociale, promise par le candidat Sarkozy avant mai 2007. Un débat qui s’impose d’autant plus que la crise économique creuse les déficits, pouvant mettre en péril le système actuel. Mais le dossier est chaud-brulant. Ce qui explique sans doute, et ce n’est pas courant dans le sarkozysme, que le Chef de l’État et ses conseillers préfèrent remettre à plus tard, (à quand ?), ce grand débat économique mais aussi éminemment politique.
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