Alors qu’ils ont pollué les discussions à l’automne, les antivaccins perdraient progressivement du terrain sur les réseaux sociaux. Du moins depuis quelques semaines, selon une étude menée par le Bloom, agence d’analyse des conversations sur le Web.
Twitter, Facebook, Instagram et YouTube ont été passés au crible, d’octobre 2020 à avril 2021. Soit 4 millions de posts et commentaires liés aux vaccins, pour un total de 19 millions d’interactions en langue française.
À l’automne, les antivaccins ont eu « le vent en poupe », avance Bloom. 15 % des personnes qui interagissaient alors sur le sujet de la vaccination étaient des antivax revendiqués. Soit 134 000 comptes. Plus politiques que sanitaires, les critiques se cristallisaient principalement autour d’une hypothétique obligation vaccinale. Les mesures coercitives sont l’un des arguments forts des mouvements antivaccins, retrouvés dès les années 1950 lors des débats parlementaires autour de l’obligation vaccinale du BCG.
OMS, Union européenne… Les autorités internationales en ont également pris pour leur grade, catalysé par le revirement d’avis autour du remdesivir. La tendance politique est forte, note encore Bloom, « sur Twitter, les complotistes et les sphères politiques anti-Union européenne dominent la communauté antivaccin. Sur Facebook, ce sont les médias « alternatifs » qui sont l’antichambre des antivaccins avec notamment le documentaire Hold up qui a suscité 136 000 engagements ».
Médecins et professionnels de santé
Plus spécifique au vaccin, la technologie de l’ARNm est questionnée, tout comme les étapes de validation raccourcies du vaccin. Le tout en fustigeant les intérêts financiers des laboratoires. « Médecins et professionnels de santé expriment leurs doutes le plus souvent anonymement, et alimentent ainsi les contenus antivax », analyse par ailleurs l’agence.
Au printemps, Bloom note un revirement prudent des opinions, qui coïncide avec une explosion des discussions. Ainsi, entre février et avril 2021, alors que la campagne vaccinale bat son plein dans l’Hexagone, le nombre de personnes discutant vaccins est multiplié par quatre par rapport à l’automne. Un engouement marqué par « une nette pacification des échanges sur le sujet ».
Désormais, les conversations virtuelles se concentrent sur la stratégie gouvernementale ou l’efficacité des vaccins face aux variants. Sans surprise, Pfizer a été éclipsé au profit d’AstraZeneca : « On observe une chute de la colère due à une meilleure accessibilité aux vaccins mais en parallèle une augmentation de la peur et de la déception vis-à-vis de son efficacité. »
S’il a amplement bénéficié de la crise sanitaire, le phénomène n'a rien de nouveau. Selon une étude menée par la BBC et publiée fin mars, en France, les pages partageant du contenu antivaccin ont reçu près de quatre millions de likes en 2020. Une augmentation trois fois plus rapide qu’en 2019, mais comparable à 2018, année faste des antivax, marquée par l’entrée en vigueur de 11 vaccins obligatoires.
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