L’algorithme de calcul du Nutri-Score va évoluer « d’ici à la fin de l’année 2023 » afin d’intégrer les dernières recommandations en matière d’alimentation et de santé, ont annoncé dans un communiqué commun les autorités de plusieurs pays européens impliqués dans la gouvernance de l'étiquetage nutritionnel (Belgique, France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suisse).
Une première évolution des modalités de calcul a été adoptée en juillet 2022 pour les aliments, permettant par exemple aux volailles d’être mieux classées que les viandes rouges. Le 30 mars dernier, le comité scientifique remettait un nouveau rapport sur les boissons et recommande, « sur la base de preuves scientifiques solides et des demandes des parties prenantes », des modifications de l’algorithme.
« Les évolutions du Nutri-Score renforceront sa capacité à aider les consommateurs, y compris les plus vulnérables, à comparer la composition nutritionnelle des aliments et des boissons. Ainsi, le Nutri-Score encouragera des choix plus sains, en synergie avec les politiques nutritionnelles visant à prévenir les maladies chroniques et à lutter contre l’obésité », est-il expliqué dans le communiqué.
Des boissons à base d’édulcorants moins bien notées
Concrètement, les boissons à base d’édulcorants devraient voir leur score se dégrader, leur bénéfice en termes sanitaires par rapport aux sucres classiques n’apparaissant pas crucial. L’algorithme devrait également être harmonisé pour assurer « une classification cohérente de l’ensemble des boissons ». « Le lait, les boissons lactées et les boissons végétales ont été inclus dans cet algorithme en assurant une classification du lait écrémé et demi-écrémé dans les classes les plus favorables et en permettant une différenciation entre les différents types de lait selon leur teneur en matières grasses et avec les boissons lactées sucrées », est-il indiqué.
La position spécifique de l’eau – seule boisson recommandée sans réserve par les organisations internationales – dans la catégorie A sera maintenue. Et la classification des jus de fruits et nectars (incluant les smoothies), « jugée adéquate par les experts au regard de la littérature scientifique », est-il noté, sera globalement conservée de manière similaire.
Après la mise en œuvre coordonnée dans l’ensemble des pays concernés « d’ici à la fin de l’année », les industriels concernés auront deux ans pour adapter leur étiquetage. Un accompagnement leur sera proposé.
Selon une enquête de l’UFC-Que choisir, l'affichage du Nutri-Score a incité les industriels à modifier leurs recettes et améliorer la valeur nutritionnelle de leurs produits, même si, la présence de la pastille colorée sur l’emballage n’étant pas obligatoire, des produits représentant près des deux tiers des volumes des ventes ne l’ont pas adopté.
Blocages sur une généralisation européenne
En Europe, la généralisation du Nutri-Score et son caractère obligatoire font débat. Dans le cadre de la stratégie « De la ferme à la fourchette », la Commission européenne devait présenter une proposition d'étiquetage harmonisé et obligatoire avant la fin 2022 pour lutter contre les régimes alimentaires malsains. Mais sous la pression de certains pays, et notamment de l’Italie qui est parvenue à rallier Chypre, la Grèce, la République tchèque, la Roumanie ou encore la Hongrie, l’adoption d’un tel dispositif a été repoussée à une date indéterminée en 2023.
Le 16 mars dernier, l’Association européenne pour la santé publique (European Public Health Association – EUPHA), qui représente quelque 39 000 professionnels de santé européens, appelait la Commission à proposer « de toute urgence une législation imposant que les aliments soient étiquetés avec le Nutri-Score sur une base obligatoire dans toute l'UE », indique-t-elle dans un communiqué.
Alors que Bruxelles examine à l'heure actuelle les différents affichages existants, comme les logos vert ou noir des pays nordiques (moins contraignants) ou le Nutrinform Battery, défendu par l'Italie, l'EUPHA juge que le Nutri-Score est « la seule option viable pour une mise en œuvre rapide », notamment parce qu’il est déjà adopté par « un nombre croissant d'États membres ».
En 2021 déjà, 279 scientifiques et 26 associations d’experts de 32 pays européens plaidaient, dans une lettre adressée à la Commission, pour une adoption du logo français : « Nutri-Score est le seul logo nutritionnel en Europe à avoir fait l’objet de nombreuses études scientifiques (plus de 40 publiées dans des revues scientifiques internationales à comité de lecture) démontrant son efficacité, sa pertinence et son utilité pour les consommateurs et pour la santé publique. »
Alors qu’aucune nouvelle échéance formelle n’est pour l’instant prévue pour la présentation du dispositif retenu par la Commission, l'EUPHA « exprime son inquiétude croissante ». La mise en œuvre d'un dispositif d'étiquetage est « urgente », insiste l’association, car « plus de la moitié des adultes de l'UE sont en surpoids ou obèses, ce qui entraîne une augmentation des maladies chroniques telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, l'hypertension et les maladies coronariennes ».
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