Manger 5 fruits et légumes par jour, éviter les aliments trop gras et trop sucrés, pratiquer une activité physique régulière... ces conseils simples, de bon sens, régulièrement rappelés au grand-public font partie de ce que l’on appelle communément l’éducation à la santé.
Ils s’adressent à tous, pas uniquement aux patients malades. « L’éducation à la santé, c’est le plus souvent de la prévention primaire. Si elle fait partie des missions du généraliste, elle n’est pas un domaine réservé aux médecins. Parents, enseignants, professionnels de santé médicaux et paramédicaux ont également un rôle à jouer », souligne le Pr Claude Attali. Le colloque singulier médecin/patient renseigne le généraliste sur les antécédents médicaux, le niveau et les modes de vie de ses patients. Le médecin doit d’abord les écouter et s’intéresser à leur façon de vivre, avant de s’autoriser à leur donner des conseils personnalisés. « Néanmoins, quand un patient a des comportements de vie qui ne correspondent pas aux "normes" de la santé publique, nous ne devons pas le culpabiliser au prétexte qu’il ne fait pas ce qui est attendu. Mais, au contraire, essayer d’explorer avec eux les raisons profondes de ces comportements et les aider si possible à les modifier », poursuit le Pr Attali.
Le généraliste, coordonnateur de l’ETP
Outre l’éducation à la santé, le généraliste fait de l’éducation thérapeutique (ETP) destinée, cette fois, en particulier aux patients atteints de maladies chroniques et/ou ayant des comorbidités. D’après le rapport sur l’ETP* remis par le Pr Claude Jaffiol à l’Académie nationale de Médecine en décembre dernier, le généraliste en serait même un acteur de premier plan. Le rapport souligne d’ailleurs que l’ETP est encore réservée à un trop petit nombre de patients et que les moyens restent insuffisants pour faciliter son développement. Un avis largement partagé par le Pr Attali : « En France, les patients atteints de maladies chroniques sont majoritairement suivis, en ambulatoire, par les médecins généralistes. Leur rôle n’est pas uniquement de diagnostiquer et de prescrire, mais d’aider le patient à s’occuper au mieux de sa santé. Il y a encore beaucoup d’efforts à faire en matière d’ETP intégrée aux soins : la formation initiale et continue des généralistes doit être repensée dans cette optique. Les généralistes doivent également adapter leurs actions aux conditions individuelles de chaque patient, notamment ceux qui ont des difficultés sociales. »
L’énergie de tous
Pour développer l’ETP en ville, le rapport de l’Académie de médecine préconise que celui-ci s’exerce, à l’avenir, dans des équipes pluridisciplinaires pilotées par un médecin agréé par l’ARS, responsable des programmes. Ainsi, le médecin traitant pourrait, sur la base d’une formation spécifique à l’ETP assurer la coordination des actions de chaque intervenant. Il faut donc favoriser une véritable coopération entre les médecins généralistes et les autres professionnels de santé. Les regroupement des professionnels dans un même lieu (par exemple, dans les maisons de santé pluriprofessionnelles) facilitent cette collaboration. « Pour cela, les formations interprofessionnelles dédiées à l’ETP doivent, plus que jamais, être encouragées dès la formation initiale et poursuivies ensuite », conclut le Pr Attali.
*Le rapport L’éducation thérapeutique du patient (ETP), une pièce maîtresse pour répondre aux nouveaux besoins de la médecine (par Claude JAFFIOL) est téléchargeable sur le site : http://www.academie-medecine.fr/
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