Avec plus de 75 000 décès par an en France, les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de mortalité chez la femme en France. Parmi celles-ci, l’accident vasculaire cérébral (AVC), l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque, les pathologies artérielles périphériques, la pathologie aortique. Autant dire la plupart des pathologies cardiovasculaires qui ont pu sembler être réservées aux hommes, à tort. Les femmes sont, elles aussi, touchées et restent insuffisamment dépistées, traitées et contrôlées.
La phase d’alerte se situe entre 45 et 55 ans, comme en témoigne un article du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de mars 2016 faisant état de l’augmentation significative du taux d’hospitalisation des femmes pour infarctus du myocarde dans cette tranche d’âge. « Surtout ne pas banaliser les symptômes de fatigue et d’épuisement chez les femmes à l’approche de la ménopause. Ne pas dire "c’est juste la ménopause", mais programmer un dépistage des risques cardiovasculaires », insiste la Pr Claire Mounier – Vehier de l’institut Cœur-Poumon au CHU de Lille et présidente de l’Association régionale de cardiologie Nord-Pas-de-Calais.
Les publications confirment le lourd tribut payé par les femmes à la ménopause en raison du déficit en œstrogènes, qui est un facteur de risque de rigidité vasculaire et de syndrome métabolique. La méconnaissance des spécificités hormonales et une hygiène de vie non adaptée expliquent en partie le profil clinique d’une femme sur deux après la ménopause avec apparition de surpoids, d’une dyslipidémie, de diabète et d’HTA. Certains de ces facteurs de risque sont plus délétères chez la femme, comme l’HTA systolique et nocturne, le tabagisme, la sédentarité, le stress, et moins bien contrôlés comparativement aux hommes. Un profil qui s’est également fortement dégradé chez certaines femmes durant la pandémie Covid-19 en raison des périodes de confinement non propices à une hygiène de vie optimale.
« C’est dans les cinq ans qui précèdent la ménopause, vers 45 ans, que les femmes préparent la maladie cardiovasculaire, une maladie de l’environnement », précise la cofondatrice, avec Thierry Drilhon, de l’association Agir pour le cœur des femmes*. Or, souligne-t-elle, « ces maladies sont évitables dans huit cas sur dix par une prévention active qui est efficace quel que soit l’âge et même après la survenue d’un premier accident cardiovasculaire ». La ménopause nécessite une attention particulière et doit être un moment privilégié pour évaluer le risque cardiovasculaire.
Le parcours cardio-gynécologique de dépistage et de prise en charge
Le premier parcours cardio-gynécologique a été conçu et initié en 2012 par la Pr Mounier – Vehier au CHU de Lille avec pour objectifs d’informer les jeunes filles en demande de première contraception et de dépister le risque cardiovasculaire.
L’idée d’inclure le dépistage des facteurs de risque à l’entrée dans la ménopause a fait progressivement son chemin. Le parcours cardio-gynécologique s’avère transgénérationnel afin de permettre aux femmes de s’approprier la prévention. Autre objectif : former les professionnels de santé impliqués en les incitant à travailler main dans la main pour construire un écosystème bienveillant autour de la santé des femmes.
Le parcours cardio-gynécologique ou parcours « Cœur Artères Femmes », l’une des missions d’Agir pour le cœur des femmes, soutenu par la Direction générale de la santé, l’Agence régionale de santé et l’ensemble des Unions régionales des professionnels de santé des Hauts-de-France, est en cours de réalisation dans cette région. L’objectif : dépister et stratifier les facteurs de risque des femmes à l’entrée de la ménopause selon les recommandations de la Société française d’hypertension artérielle et leur proposer un bilan cardiovasculaire personnalisé. L’enjeu de cette consultation est de faire entrer ces femmes dans un circuit de dépistage et de suivi avant le premier accident cardiaque tout en participant aux économies de santé.
Un projet qui vise à se décliner sur tout le territoire français. Ces parcours cardio-gynécologiques sont en train d’être structurés dans plusieurs autres villes de France comme Marseille, Strasbourg et Avignon avec « des résultats qui s’avèrent encourageants, car les mentalités évoluent positivement », a conclu la Pr Mounier-Vehier.
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