À SIX MOIS de l’ouverture des JO de Londres, les procédures instaurées depuis 2009 par le code mondial antidopage sont plusieurs fois mises en accusation. Le feuilleton judiciaire autour du contrôle positif au clenbutérol d’Alberto Contador, au cours du Tour de France 2010, avec ses divers rebondissements et sa longueur interminable présente « un aspect bizarre », admet le Dr Alain Calmat. De son côté, le président de l’UCI (Union cycliste internationale), Patt McQuaid, qui a pourtant obtenu gain de cause dans le jugement final, affiche, dans un communiqué, sa tristesse. Bêta-agoniste connu pour ses effets anabolisants sur les sportifs, le clenbutérol est systématiquement recherché dans les contrôles antidopage depuis 1992. Pour expliquer la présence de 50 picogrammes décelés dans ses urines lors de l’étape paloise du Tour, le coureur madrilène avait invoqué une intoxication alimentaire, consécutive à l’ingestion d’une viande contaminée. Après l’avoir tout d’abord suspecté, la Fédération espagnole de cyclisme avait ratifié cette explication. Mais l’UCI et l’AMA (Agence mondiale antidopage) avaient décidé de faire appel devant le TAS. Après plusieurs reports, la juridiction internationale a finalement jugé que Contador avait consommé un supplément alimentaire contaminé.
« En tout état de cause, quel que soit le mode d’administration, viande, supplément alimentaire ou transfusion sanguine, explique au « Quotidien » le président de la commission médicale du CNOSF (Comité national olympique et sportif français), ce verdict du TAS est appelé à faire jurisprudence, car il conclut que la présence de la substance prohibée vaut application d’une sanction, et en l’occurrence la sanction la plus lourde. Ce n’est pas la nature de cette décision qui fait aujourd’hui débat, mais le fait qu’elle aurait dû être prise bien plus tôt. Sans remettre à plat l’ensemble du mécanisme judiciaire, il nous faut maintenant l’améliorer pour éviter que toutes sortes de tergiversations, auprès de diverses instances, ne finissent par compromettre la clarté procédurale. »
Jeannie Longo a failli être sur la liste.
Les règles disciplinaires antidopage sont encore mises en cause par de nombreux recours en justice au sujet des obligations de localisation auxquelles sont soumis les sportifs de l’élite. Le code mondial antidopage prévoit qu’ils fournissent leurs agendas des prochains trois mois, avec un lieu et une heure où ils peuvent être trouvés chaque jour. Trois manquements en 18 mois entraînent jusqu’à deux ans de suspension. Pour avoir violé cette règle dite des « trois no-shows », le rugbyman Yoann Huguet a été privé de la Coupe du monde de rugby et le pistard Grégory Baugé s’est vu retirer ses deux titres mondiaux. De même, sans avoir été contrôlée positive à une substance prohibée, la titulaire du plus beau palmarès du cyclisme féminin, Jeannie Longo, a bien failli connaître le même sort et s’ajouter à la liste, après les joueurs de tennis Yanina Wickmayer et Xavier Malisse. En France, plusieurs syndicats de joueurs de sports collectifs (dont l’UNFP, football) se sont regroupés pour saisir le Conseil d’État. Après avoir été déboutés l’an dernier, ils se tournent aujourd’hui devant la Cour de justice européenne. « On se trompe de cible, plaide l’un de leurs avocats, au lieu des gens qui se dopent, on va cibler les personnes qui sont négligentes et on les donne en pâture au grand public. »
Certes, estime le Dr Calmat, « le système est loin d’être parfait et j’aurais moi-même protesté s’il m’avait été appliqué au cours de ma carrière de sportif. Mais il y va de la fiabilité de la lutte antidopage, qui ne peut se limiter au contrôle en compétition ; les chances d’y piéger les tricheurs sont quasiment nulles, compte tenu de la sophistication des moyens scientifiques et techniques dont ils disposent. Le principe des contrôles inopinés et donc l’obligation de localisation hors compétition sont absolument nécessaires pour garantir un minimum d’équité antidopage parmi les sportifs. »
Pour éviter que le couperet ne s’abatte sur des sportifs qui seraient seulement coupables d’une mauvaise organisation personnelle, l’ancien champion du monde de patinage artistique ne se montre pas favorable à l’introduction d’un peu de souplesse, car, estime-t-il, « toute souplesse ouvre une possibilité d’esquive auprès d’entourages souvent sans scrupules ». En revanche, le Dr Calmat ne serait pas opposé à la création d’une instance d’arbitrage qui apprécierait les situations individuelles (par exemple lors du décès d’un proche). Des systèmes de repérage techniques pourraient aussi être étudiés, suggère-t-il, sans aller jusqu’à l’implantation d’une puce, comme le proposent certains, mais en utilisant, par exemple, les téléphones portables et le GPS. »
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