Suivi des apnées du sommeil

L’intérêt de la télésurveillance à l’étude

Publié le 24/03/2011
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« JAMAIS UNE étude de telle ampleur n’a été conduite en France dans ce domaine », souligne le Dr Yves Grillet, vice-président de la Fédération française de pneumologie (FFP) et de la Fédération des Spécialités Médicales. Ces deux institutions sont les promoteurs d’une étude baptisée OPTISAS : Optimisation de la prise en charge à domicile des patients atteints de syndrome d’apnées du sommeil à partir d’un observatoire sommeil national. « Cette étude va nous permettre d’évaluer l’impact de la télémédecine, en l’occurrence la télésurveillance sur l’observance et la réduction des hospitalisations des patients souffrant de syndromes d’apnée du sommeil (SAS) et traitées par pression positive continue (PPC) », souligne le Dr Grillet.

L’étude va pouvoir être réalisée grâce à l’appui de l’Observatoire Sommeil de la Fédération de Pneumologie (OSFP), créé en 2008. « Cet outil est mis à la disposition des pneumologues et des médecins intéressés par la prise en charge des pathologies du sommeil. Ils s’en servent comme un logiciel de gestion de leurs patients atteints de SAS », indique le Dr Grillet. L’Observatoire dispose aujourd’hui d’une cohorte de plus de 39 000 patients. « Le nombre de patients augmente d’environ mille par mois », précise le Dr Grillet, en ajoutant que l’outil regroupe aujourd’hui environ 600 pneumologues, dont 200 qui l’alimentent très régulièrement en données cliniques.

L’étude OPTISAS va permettre de recueillir des données à la fois sur les appareils de traitement des patients pour pouvoir surveiller leur fonctionnement (fuites, pressions), sur l’observance et sur le monitoring physiologique (Sa02, pression artérielle, actimétrie). « Nous allons faire remonter ces données par l’intermédiaire de dispositifs installés au domicile des patients jusque dans notre base de données. Ensuite, une fois toutes ces données rassemblées, il nous faudra faire le rapprochement avec les données cliniques à notre disposition dans la base de données », précise le Dr Grillet.

Au total, 2 000 patients seront inclus dans l’étude. « Nous allons d’abord prendre 1 200 patients avec des SAS ordinaires. Ils seront répartis en deux groupes : la moitié d’entre eux fera l’objet d’une télésurveillance, l’autre moitié n’en bénéficiera pas. Nous prendrons aussi 800 patients à haut risque cardiovasculaire selon le même schéma (400 suivis, 400 non télésuivis) notamment pour mesurer la baisse de la pression artérielle », indique le Dr Grillet.

Au-delà de la question du bénéfice individuel pour chaque patient, l’étude va comporter une grosse partie médico-économique. « Le but est de démontrer que ce télésuivi réduit le risque d’hospitalisation. On espère que les patients seront plus observants, que leur tension sera mieux contrôlée et que par ce biais on parviendra à réduire le nombre d’hospitalisations. Ensuite, il faudra mesurer les économies ainsi réalisées. C’est tout le pari de la télémédecine : on sait qu’une télésurveillance de ce type a un coût et il faudra voir si l’étude fait apparaître un solde positif. Nous visons un bénéfice individuel pour le patient et un bénéfice économique. C’est ainsi que nous pourrons voir si la télésurveillance permet d’améliorer l’efficience », indique le Dr Grillet, en précisant que le conseil scientifique du projet, présidé par le Pr Jean-Louis Pépin, regroupe des praticiens de tous modes d’exercice.

La phase de conception du projet a été lancée en janvier dernier et doit s’achever en septembre prochain. « Ensuite, de septembre 2011 à septembre 2012, on passera à la phase de réalisation pratique du projet. Il y a aura des évaluations intermédiaires mais les résultats définitifs sont attendus courant 2013 », souligne le Dr Grillet. Cette étude permettra d’apporter des enseignements précieux sur l’intérêt de la télésurveillance pour ces patients atteints de SAS. « Tout l’enjeu aujourd’hui est de mesurer l’impact que pourra avoir la télémédecine dans les années à venir. Potentiellement, il s’agit d’un outil qui peut présenter un vrai bénéfice pour une spécialité comme la pneumologie où l’on recense de nombreuses maladies chroniques. L’enjeu ici n’est pas de lutter contre un problème de désertification médicale mais d’améliorer les prises en charge, si possible en réduisant les coûts », indique le Dr Grillet.

D’après un entretien avec le Dr Yves Grillet, vice-président de la Fédération française de pneumologie (FFP) et de la Fédération des spécialités médicales (FSM).

 ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes