Objectifs « inatteignables », remplaçants exclus, patientèle insuffisante : la ROSP épinglée (aussi) par les jeunes

Par
Publié le 02/05/2018
rosp

rosp
Crédit photo : S. Toubon

Après les syndicats médicaux seniors, c'est au tour de la jeune génération de vilipender les résultats 2017 de la nouvelle rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Pas convaincus, les juniors pointent du doigt les difficultés rencontrées par les nouveaux installés et l'exclusion – à nouveau – des médecins remplaçants.

Dans un communiqué, le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) constate sur le fond comme sur la forme « la persistance de problèmes avec la ROSP », qualifiée carrément de « fausse bonne idée », et ce malgré les « améliorations » apportées par la dernière convention (dont la création d'un forfait structure distinct). « Toutes les études internationales sur le paiement à la performance s'avèrent pour le moins décevantes quand elles ne sont pas franchement négatives », assure le SNJMG.

Autre problème récurrent : les nouveaux installés qui constituent leur patientèle demeurent « trop souvent lésés par les modalités d'application », explique le SNJMG. Le syndicat a mis en ligne une enquête pour recueillir l'avis et les expériences des jeunes généralistes et remplaçants sur cette thématique.  

Quatre ans pour se roder

Également critique, le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) juge que les critères de la ROSP sont conçus pour les praticiens installés de longue date… « Il faut trois à quatre ans à un jeune installé pour entrer dans la moyenne de la ROSP », calcule le Dr Yannick Schmitt, président de ReAGJIR. Cette année, la ROSP adulte moyenne s'établit à 4 500 euros par généraliste et MEP. La refonte et le changement de périmètre ont provoqué une incompréhension avec des résultats financiers et de santé publique décevants.

Pour les jeunes, non seulement certains objectifs fixés sont difficilement atteignables (vaccination contre la grippe saisonnière, dépistage du cancer du sein) mais le seuil minimal de patients medecin traitant pour un jeune praticien installé n'est pas toujours au rendez-vous. « C'est d'autant plus frustrant lorsque les objectifs sont atteints mais que le nombre de patients n'est pas suffisant », ajoute le Dr Schmitt.

Une ROSP spécifique 

Dans un entretien au « Quotidien », Nicolas Revel, directeur général de l'assurance-maladie, expliquait que l'extension de la ROSP aux remplaçants n'était pas à l'ordre du jour. « La ROSP est construite sur une logique de suivi de patientèle. Il est impossible de calculer un montant pour un remplaçant qui intervient ponctuellement, un mois ou deux », précisait le patron de la CNAM.

Seule option possible : que le remplaçant et le praticien remplacé s'accordent par contrat sur un partage de la ROSP. Mais cette démarche peut se révéler délicate. « Cela se fait assez régulièrement mais parfois certains médecins ne jouent pas le jeu, le contrat n'est pas toujours assez explicite. Dans d'autres cas, certains remplacés oublient de la demander car il y a une année de décalage », détaille le Dr Schmitt. ReAGJIR affirme qu'après un passage d'au moins trois mois au cabinet d'un confrère, le partage de la ROSP devrait être automatique !  


Source : lequotidiendumedecin.fr