En Europe, 13 % des décès recensés en 2012 (dernières données disponibles) étaient imputables à la mauvaise qualité des environnements (pollutions atmosphérique et sonore, impact du changement climatique, exposition à des produits chimiques), estime un rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE), rendu public ce 8 septembre. Ces 630 000 morts « pourraient être évitées en éliminant les risques environnementaux mauvais pour la santé », souligne l’AEE.
L'enjeu de la qualité de l'air
La principale menace reste la pollution atmosphérique : environ 400 000 décès enregistrés sur le continent en 2018 lui sont attribuables. Cette pollution est associée à des cardiopathies ischémiques, des accidents vasculaires cérébraux, des bronchopneumopathies chroniques obstructives, des cancers, des infections respiratoires, mais aussi à des troubles neurologiques, à l'asthme, au diabète et à l'obésité.
Seconde cause de décès liée à l’environnement, l’exposition à long terme au bruit, principalement issu des trafics routier et aérien, entraînerait le décès prématuré de 12 000 Européens et l’émergence de 48 000 nouveaux cas de cardiopathie ischémique chaque année sur le continent.
Par ailleurs, 6,5 millions d’Européens souffrent de troubles chroniques du sommeil à cause de ces nuisances sonores. Les écoliers, dont l’établissement est situé dans une zone de nuisances, sont également impactés, notamment dans leur apprentissage : « les enfants sont plus à risque d'impacts sur leur développement cognitif, ont des stratégies d'adaptation moins bien développées et moins de contrôle sur le bruit que les adultes », note le rapport.
Les conséquences du changement climatique (vagues de chaleur, inondations, incendies) pèsent également sur la santé des Européens. La canicule de 2003 par exemple est à l’origine de 70 000 décès prématurés en Europe, rappelle le rapport. Entre 1980 et 2016, 8 000 décès étaient liés à des inondations. Les conséquences sont également indirectes, avec notamment une nouvelle distribution des maladies vectorielles.
D’autres expositions néfastes à la santé sont plus difficilement mesurables, comme celle aux produits chimiques dangereux ainsi que l’interaction entre ces différents produits. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime tout de même que 1,7 % des décès mondiaux leur sont attribuables. Un constat similaire est posé par le rapport concernant la qualité de l’air intérieur ou les champs électromagnétiques : les effets sur la santé sont encore mal identifiés et mesurés.
Les plus défavorisés sont les plus concernés
Les citoyens européens ne sont pas égaux face à ces menaces. Le rapport note de nettes différences entre les pays de l’ouest du continent et ceux de l’est. Ainsi, « la proportion la plus élevée des décès nationaux imputables à l’environnement a été enregistrée en Bosnie-Herzégovine (27 %), la plus faible a été relevée en Islande et en Norvège (9 %) », lit-on.
À l’intérieur des États également, des écarts sont constatés. Les citadins sont par exemple plus vulnérables aux vagues de chaleur, tout comme les populations socialement défavorisées en raison de la mauvaise qualité de leur logement. Les communautés les plus pauvres sont également « exposées de manière disproportionnée à la pollution et aux conditions météorologiques extrêmes […]. Cela est lié à l'endroit où ils vivent, travaillent et vont à l'école, souvent dans des zones socialement défavorisées et des quartiers en périphérie des grands axes de circulation », note le rapport.
Le document « indique qu’une action forte est nécessaire pour protéger les plus vulnérables de notre société, car la pauvreté va souvent de pair avec le fait de vivre dans de mauvaises conditions environnementales et d’être en mauvaise santé. La prise en considération de ces interconnexions doit s’inscrire dans une approche intégrée en faveur d’une Europe plus inclusive et plus durable », plaide Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’AEE.
Dans une perspective similaire, quatre responsables de Santé publique France insistaient, dans une tribune, publiée le 3 septembre, dans « Le Monde », sur la nécessité d’un « nouveau souffle » pour le système de santé publique, invitant à investir notamment dans le domaine de la santé environnementale, un « des champs insuffisamment couverts », actuellement.
Pour la commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire, Stella Kyriakides, le Covid-19 doit être un « signal d’alarme, nous faisant prendre pleinement conscience de la relation entre nos écosystèmes et notre santé ainsi que de la nécessité de faire face à la réalité : notre façon de vivre, de consommer et de produire est préjudiciable au climat et impacte négativement notre santé ».
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce