Selon une étude parue dans le « Lancet Planetary Health », des milliers de décès pourraient être évités chaque année dans les villes européennes si les normes édictées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de pollution de l'air étaient respectées.
L'exposition aux particules fines (PM2,5) et au dioxyde d'azote (NO2) a été évaluée dans 969 villes et 47 grandes villes européennes à partir des données de 2015 en vue d'estimer leur impact sur la mortalité prématurée des plus de 20 ans. D'après les chercheurs, sur l'ensemble des villes, 84 % de la population a été exposée à des concentrations supérieures aux normes de l'OMS pour les particules fines et 9 % pour le dioxyde d'azote.
Plus de 100 000 décès évités en baissant encore plus les PM2,5
Les valeurs recommandées par l'OMS sont de 10 μg/m3 pour les PM2,5 et de 40 μg/m3 pour le NO2. Si les niveaux de pollution de l'air des villes européennes étaient conformes à ces seuils, ce sont précisément 51 213 décès prématurés qui pourraient être prévenus pour les particules fines et 900 pour le dioxyde d'azote en un an.
Les chercheurs ont également calculé qu'en abaissant encore davantage les concentrations (jusqu'à 3,7 μg/m3 pour les PM2,5 et 3,5 μg/m3 pour le NO2, valeurs les plus basses valeurs mesurées dans l'étude), de nombreuses vies supplémentaires seraient épargnées en un an : 124 729 pour les particules fines et 79 435 pour le NO2.
Des disparités importantes ont par ailleurs été mises en évidence entre les villes d'Europe. Ainsi, Brescia, au nord de l'Italie, est la ville qui présente la mortalité annuelle associée aux particules fines la plus élevée (avec 232 décès qui pourraient être évités avec les normes de l'OMS et 309 avec les concentrations les plus basses), et Madrid, celle qui présente la mortalité la plus élevée pour le NO2 (206 ; 2 380). Paris apparaît en quatrième position dans le top 10 des villes pour lesquelles la pollution de l'air représente un fardeau important. En revanche, les villes scandinaves s'en sortent mieux, avec des mortalités annuelles plus faibles aussi bien pour les particules fines que le NO2.
Des différences locales à prendre en compte
Ces différences peuvent s'expliquer par des sources de pollution différentes selon les régions. « Les zones métropolitaines comme Madrid connaissent des taux de mortalité élevés dus au NO2, un gaz toxique associé à des volumes élevés de trafic dans les zones urbaines densément peuplées, avance notamment Sasha Khomenko, co-auteur de l'étude, dans un communiqué. Il est important d'identifier les différences locales car elles ne sont pas toujours prises en compte par les estimations au niveau national. ».
Les auteurs appellent à réduire davantage les niveaux de pollution de l'air et à réviser les recommandations actuelles. Pour Sasha Khomenko, « nous devons d’urgence passer du transport privé motorisé aux transports publics et actifs ; réduire les émissions de l’industrie, des aéroports et des ports ; interdire la combustion domestique du bois et du charbon et planter davantage d’arbres dans les villes, ce qui rendra les villes non seulement plus saines, mais aussi plus vivables et durables ».
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