Difficile consensus autour de la « quatrième » dose de vaccin anti-Covid. Ce 29 mars, les ministres européens de la Santé ont chargé la Commission européenne de travailler à une position commune d'ici à la semaine prochaine, alors que les cas de contaminations remontent sous la pression du variant BA.2 d'Omicron, 30 % plus contagieux que BA.1.
Lors d'une réunion à Bruxelles, l'Allemagne et l'Italie ont réclamé une recommandation européenne pour cette deuxième dose de rappel (une quatrième dose pour ceux ayant reçu une primo-vaccination en deux doses) concernant les plus de 60 ans. Le ministre allemand de la Santé Karl Lauterbach a notamment cité des données israéliennes, selon lesquelles cette dose permet de réduire la mortalité de 80 %. Elle serait d'autant plus nécessaire que les vaccins adaptés au variant Omicron ne seraient pas disponibles dans l'Union européenne (UE) avant septembre, a-t-il argumenté.
« Des données scientifiques commencent à apparaître, qui montrent une diminution de l'immunité conférée par la troisième dose quelque quatre mois après son administration chez les personnes âgées de 60 ans et plus », a corroboré le ministre français Olivier Véran, dont le pays assure la présidence du Conseil de l'UE. « Le Conseil a demandé à la Commission européenne de mener un travail de coordination avec les différents États membres, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l'Agence européenne des médicaments (EMA), pour que nous puissions arrêter une position commune », a-t-il poursuivi.
Divergences selon les pays
Au sein même de la France, une tension existe entre la recommandation officielle d'une quatrième dose « aux plus de 80 ans ayant reçu leur dose de rappel depuis plus de trois mois » et aux immunodéprimés, comme l'a annoncé Jean Castex le 12 mars, et l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS) du 18 mars, en faveur d'une ouverture aux plus de 65 ans les plus à risque de forme sévère, six mois après la dose précédente.
À l'étranger, Israël a été le premier pays à lancer une nouvelle campagne vaccinale : une quatrième dose du vaccin anti-Covid de Pfizer y est administrée depuis début janvier aux plus de 60 ans, et depuis fin janvier aux plus de 18 ans à risque. Le Danemark et la Suède ont suivi en janvier et février, en la réservant, pour le premier aux plus vulnérables, pour le second aux plus de 80 ans. Aujourd'hui, l'Allemagne recommande cette quatrième dose aux plus de 70 ans, aux particulièrement vulnérables et aux personnels de santé. L'Angleterre la propose depuis le 21 mars aux personnes de 75 ans et plus et aux immunodéprimés, le Québec, aux octogénaires, tandis que l'Australie l'ouvrira le 4 avril aux plus de 65 ans, aux personnes indigènes de plus de 50 ans, aux immunodéprimés et aux résidents de maison de retraite.
Feu vert aux États-Unis pour les plus de 50 ans
Quant aux États-Unis, l'agence américaine des médicaments (FDA) a donné son feu vert ce 29 mars à une deuxième dose de rappel des vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna contre le Covid pour les personnes âgées de 50 ans et plus, quatre mois après leur troisième injection. Les personnes immunodéprimées et ayant déjà reçu leur deuxième rappel il y a au moins quatre mois pourront en outre recevoir une dose additionnelle.
La FDA s'est appuyée sur plusieurs études : l'une menée auprès de 700 000 personnes en Israël montre qu'une deuxième dose de rappel ne présente pas de risque. Une autre étude, portant sur 154 soignants, a montré que leurs taux d'anticorps - y compris contre Delta et Omicron - avaient retrouvé des niveaux élevés deux semaines après leur deuxième rappel.
Un troisième travail publié ce mois-ci par des chercheurs israéliens dans le « New England Journal of Medicine » montre que les vaccins à ARNm ont atteint un plafond en termes de réponse immunitaire avec la troisième dose (chaque injection, jusqu'à la troisième, suscite un niveau immunitaire plus élevé que la précédente) ; la quatrième ne fait que restaurer les taux d'anticorps à leur niveau atteint après la troisième dose.
En revanche, la population générale devra attendre. Selon l'EMA, les données disponibles mi-mars ne permettaient pas encore de recommander une nouvelle dose de rappel à l'ensemble de la population. Une position partagée en France par la HAS.
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